Elle est fille de commandant et pour elle jamais il n'a été question d'une vie terrestre, sur terre elle a l'impression d'être l'élément de trop. Elle commande depuis trois ans un cargo avec de nouvelles équipes régulièrement, quand on lui demande avec qui elle veut embarquer, elle choisit les ours, les timides. Quand à la fin du dîner, après quatre jours de mer, le second a proposé de couper les moteurs, de descendre un canot, de s'offrir une petite baignade, une voix sortie d'elle dit sans réfléchir : « D'accord. » Nager dans l'océan comme une seconde naissance, pendant une heure ils ont perdu le fil de tout. Mais quand ils remontent à bord, ils sont 21 au lieu des 20 qui avaient embarqué dans le canot. Et puis un banc de brume, non signalé sur les radars qui s'installe et le navire qui ralentit sans aucune raison mécanique, tout fonctionne parfaitement.
Un roman envoûtant, une atmosphère étrange. Mariette Navarro nous offre une traversée à l'intérieur d'une âme qui va perdre tous ses repères dans l'immensité de l'océan. Alors commence pour le lecteur un voyage dans une autre dimension, à travers ce portrait d'une femme qui navigue dans un milieu exclusivement masculin. L'équipage qui s'accorde un moment de liberté en nageant nu dans la mer est l'occasion pour l'auteure de nous offrir toute la beauté et la poésie de sa plume. Un huis clos, un voyage intérieur, un roman inclassable et c'est sans aucun doute ce qui fait sa force.