Dans cette œuvre, Conrad dépeint le Congo belge, et y présente une critique acerbe de l'entreprise coloniale et de l'impérialisme en général. La nouvelle suit l'histoire de deux commerçants européens qui s'installent dans une région isolée du Congo pour faire du commerce d'ivoire. Leur entreprise est confrontée à de nombreux obstacles, notamment des conflits avec les habitants locaux, des conditions météorologiques difficiles et des problèmes de santé. Au fil de l'histoire, les deux hommes commencent à perdre leur humanité et leur moralité, se comportant de manière de plus en plus brutale et cruelle.
Dès le début, Conrad souligne la distance culturelle entre les Européens et les Africains, en montrant la difficulté que rencontrent Kayerts et Carlier à communiquer avec les habitants locaux. Cette difficulté de communication souligne la tension entre les deux cultures, ainsi que le mépris que les colons ont pour les cultures locales.
L'auteur s'attache également à décrire la violence inhérente à l'entreprise coloniale. Tout au long du roman, les personnages européens s'adonnent à des comportements violents et cruels, comme lorsqu'ils assassinent l'un des employés locaux qui tentait de voler leur nourriture. Cette violence est motivée par le désir des Européens de préserver leur propre sécurité et leur position privilégiée dans la hiérarchie coloniale.
L'un des thèmes centraux de l'ouvrage est la critique de l'impérialisme, qui s'exprime tout au long du récit. Ainsi, lorsque Kayerts et Carlier arrivent dans la région, ils se sentent immédiatement seuls et démunis face à la tâche qui leur est assignée. Conrad écrit : "Ils se sentaient tout à coup loin, très loin de tout ce qui était familier, de tout ce qui était réel. Ils se sentaient perdus dans un monde inconnu et dangereux." Cette citation illustre l'isolement et l'aliénation que les Européens ressentent lorsqu'ils sont envoyés dans des territoires étrangers pour y exercer leur pouvoir.
La déshumanisation est un autre thème important de la nouvelle. Joseph Conrad décrit comment les Européens, confrontés à des conditions de vie difficiles et à des situations de stress, perdent leur humanité et leur moralité. Par exemple, Kayerts et Carlier se disputent souvent et se mettent en colère pour des raisons absurdes, tandis que leur santé mentale et physique se détériore progressivement. Cela souligne les effets dévastateurs de l'entreprise coloniale sur les Européens eux-mêmes.
Enfin, le livre de Conrad explore la question de la relation entre les Européens et les Africains. Les Européens, selon Conrad, considèrent les Africains comme inférieurs et ne montrent aucun respect pour leur culture ou leur mode de vie. Les personnages européens sont présentés comme des oppresseurs qui ont peu d'empathie pour les autochtones, comme lorsqu'ils se moquent de la manière dont ceux ci font la guerre ou lorsqu'ils se plaignent de la nourriture locale.
L'un des plus grands fléaux de l'humanité est de penser que notre mode de vie est supérieur à celui des autres... Et Joseph Conrad démontre à travers ce livre les dangers et dérives de la vanité humaine.