La fureur de vivre
Il y a des moments dans sa vie de lecteur où la rencontre avec un univers littéraire paraît inévitable, cette année je suis entré en collision avec l’oeuvre de l'auteur américain Jim Harrison. Je...
le 15 août 2019
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Il y a des moments dans sa vie de lecteur où la rencontre avec un univers littéraire paraît inévitable, cette année je suis entré en collision avec l’oeuvre de l'auteur américain Jim Harrison. Je n'avais jamais lu aucun roman de Big Jim, tout juste avais-je fait le lien avec le film Légendes d'automne, adapté de trois longue nouvelles. Mais après avoir lu un peu par hasard Un bon jour pour mourir puis enchaîné sur De Marquette à Vera Cruz, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cet écrivain des grands espaces, à l'écriture âpre et sèche, mais d'une profonde humanité. L'avantage c'est que son œuvre est riche est foisonnantes de romans et de nouvelles aux thèmes très variés, mais toujours attachés à décrire l'humain dans sa dimension la plus intime et la plus bouleversante.
Alors qu'il n'est pas encore âgé de trente ans et traverse une grave crise existentielle, un jeune américain parti du côté de la Floride pour noyer sa profonde mélancolie dans les eaux bleu turquoise des Caraïbes, fait la rencontre d’un allumé prénommé Tim. Ancien militaire désormais sans boulot, il semble bien décidé à flamber le petit pécule amassé au cours de sa carrière de barbouze en drogues diverses et variées, alcools forts, parties de billards et prostituées. Rapidement, les deux lascars deviennent inséparables et à force de s’échauffer les sangs (et accessoirement de consommer trop de drogue et d’alcool), ils se mettent en tête rien moins que de faire sauter un barrage du Colorado. Leurs revendications paraissent pour le moins aussi obscures que leur discours d’alcooliques patentés et leur méthodologie est digne d’une stratégie élaborée par un gamin de dix ans. On fonce, on fait tout sauter et on verra après. En chemin, Tim récupère sa petite amie, la douce et magnifique Sylvia, à laquelle il avait promis le mariage à son retour du Vietnam, mais qu’il ne peut se résoudre à épouser. Bien évidemment, la jeune femme fait rapidement tourner la tête de notre narrateur, charmé par ses jambes sublimes et touché en plein coeur par sa grâce et sa fragilité à fleur de peau. Déchirés par une tension sexuelle difficilement exprimable, mais unis par leurs fêlures intérieures, ces trois là foncent sur les routes du grand ouest, écumant les bars et les boîtes de strip tease, l’esprit embrumé par les vapeurs de l’alcool, la raison profondément obscurcie par l’adrénaline.
Taxé, à mon sens à tort, de road trip à l’américaine Un bon jour pour mourir n'est pas exactement un roman majeur de Jim Harrison, mais il réussit néanmoins le tour de force de transmettre quelque chose d'assez indéfinissable et de difficilement quantifiable ; au-delà de son apparente légèreté thématique et d’une certaine vacuité de façade, il recèle une certaine profondeur, une sorte d'immense tristesse désabusée qui confine au spleen et que l’on imagine facilement générationnelle. L’histoire en elle-même n’a que peu d’intérêt et le roman est surtout porté par ses personnages, à la fois torturés et étrangement émouvants. Et comme souvent dans ce genre de roman, ce n’est pas tant le but final qui retient l’attention, mais le voyage en lui-même et ce qu’il nous apprend sur la nature humaine. Toutefois, si les délires érotico-existentiels des personnages de Jim Harrison ne sont guère votre tasse de thé, je vous suggère d’aller plutôt arpenter les grands espaces de ses romans majeurs, comme le splendide Dalva ou le non moins excellent De Marquette à Vera Cruz.
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le 15 août 2019
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