Ce roman raconte l'histoire de Little Dog un jeune homme d'origine vietnamienne, né en 1988, qui est hanté par la guerre du Vietnam qu'il n'a pas connue. Ce roman est présenté comme une longue lettre que le fils adresse à sa mère et dans laquelle il retrace l'histoire de sa famille.


Rose sa mère est la fille d'un soldat américain, sa grand-mère Lan était obligée de se prostituer pour survivre. Lan restera traumatisée toute sa vie par les bombardements américains. À cinq ans, Rose a vu son école s'écrouler après une attaque américaine, elle n'a plus jamais mis les pieds dans une salle de classe. Aujourd'hui analphabète elle use ses mains dans un salon de manucure.


Par petits flashs, l'auteur nous entraîne dans l'horreur de cette guerre. Des villages entiers qui partent en fumée, dix mille bombes lâchées par l'armée américaine sur un pays pas plus grand que la Californie, davantage que le nombre de bombes déployées pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a rien à manger, les gens mettent de la sciure de bois dans le riz pour le rallonger. Quand il y a un rat au menu, c'est un jour de chance. Rose souffre d'un syndrome post-traumatique, elle frappe son fils, elle n'est pas normale, elle est malade du cerveau.


La seconde partie du roman tourne autour du personnage de Trevor, qui va être pour Little Dog la révélation de son homosexualité, l'auteur ne nous épargne aucun détail de cette passion dévorante et les ravages de la drogue.


L'écriture de ce roman est splendide, poétique, violente, crue, mais la lecture m'a semblé difficile. La construction du récit est faite de juxtaposition, de séquençage, des époques différentes se chevauchent en permanence. Je dois dire que j'ai été un peu déstabilisé par cette fragmentation de l'histoire bouleversante de ce jeune homme à qui on a appris à se rendre invisible pour être en sécurité.
Un roman d'une grande richesse sur la violence de la guerre, du déracinement, sur des plaies qui ne se refermeront jamais, sur la différence, sur le racisme, sur le mirage du rêve américain.

feursy
7
Écrit par

Créée

le 3 févr. 2021

Critique lue 606 fois

2 j'aime

Yves MONTMARTIN

Écrit par

Critique lue 606 fois

2

D'autres avis sur Un bref instant de splendeur

Un bref instant de splendeur
feursy
7

Etre invisible

Ce roman raconte l'histoire de Little Dog un jeune homme d'origine vietnamienne, né en 1988, qui est hanté par la guerre du Vietnam qu'il n'a pas connue. Ce roman est présenté comme une longue lettre...

le 3 févr. 2021

2 j'aime

Un bref instant de splendeur
JoëlBoyer
7

Un nouveau James Baldwin, petit-fils de la guerre du Vietnam

Ocean Vuong, Un Bref Instant de splendeur, Gallimard, trad. Marguerite Capelle On l'appelle Little Dog. Il vit aux Etats-Unis avec sa grand-mère Lan, enceinte d'un GI inconnu pendant la guerre du...

le 23 janv. 2021

2 j'aime

Un bref instant de splendeur
Aptiguy
5

Une lecture pénible

Le titre bien sûr était très prometteur, je m'attendais à un vrai moment de poésie, comme dans les livres de Stefansson. Le quatrième de couverture était tout aussi alléchant, nous parlant du livre,...

le 1 nov. 2022

1 j'aime

Du même critique

Betty
feursy
9

beau et poétique

Prendre le temps nécessaire pour rédiger cette chronique. Choisir les mots, relire les phrases pour être certain de bien faire ressortir toutes les émotions ressenties à la lecture de ce roman à la...

le 11 janv. 2021

11 j'aime

1

Les Aiguilles d’or
feursy
9

Critique de Les Aiguilles d’or par Yves MONTMARTIN

An de grâce 1882, les cloches de New York annoncent la nouvelle année. La famille du juge Stallworth décide de lutter contre la dégénérescence morale de cette ville : salles de jeux clandestines,...

le 30 août 2023

8 j'aime

Le Grand Monde
feursy
9

de la belle littérature

Le récit commence le jour où Louis Pelletier entouré de sa femme et de ses quatre enfants célèbre la réussite de sa savonnerie, un des fleurons de l'industrie libanaise. de mars à octobre 1948, de...

le 14 févr. 2022

7 j'aime