Voici un livre qui m'a offert un parcours pour le moins inattendu : les premiers chapitres, ceux de la découverte d'une construction maligne - même si pas aussi originale qu'on le souhaiterait - à trois voix et deux temporalités, ceux de l'exploration de trois personnages sérieusement abîmés par la vie et leurs relations familiales, m'ont enchanté par leur sensibilité, leur délicatesse toute "féminine" (pardon pour le cliché simpliste mais cela fait du bien après tant de polars autour de flics machos et alcooliques !) ; 500 pages plus tard, en refermant "un Cri sous la Glace" (titre stupide dû à une mauvaise traduction francaise ?), j'étais dans un état de frustration, de colère même que le livre a atterri directement dans une poubelle, tant je me sentais presque humilié d'avoir perdu mon temps avec une intrigue tellement prévisible et une accumulation incessante de poncifs psychologiques dignes de magazines féminins bas de gamme ! Une véritable chute libre donc que cette lecture, due à la maladresse de la construction narrative qui dévoile un indice fondamental très vite, et permet au lecteur attentif d'identifier beaucoup, beaucoup trop tôt ce qui se passe réellement derrière l'un des trois récits, et donc d'arriver passablement irrité à la fameuse révélation finale qui a tout de la baudruche se dégonflant dans un bruit de pet nauséabond. Mais le pire réside sans doute dans cette interminable et complaisante peinture de personnages dépressifs envers lesquels nous ne pouvons très vite éprouver que de l'indifférence (au mieux), voire de l'irritation. Le tout porté par cette absence totale de talent littéraire qui caractérise 90% des "best sellers globaux" actuels : la répétition incessante d'expressions toutes faites, l'accumulation de considérations "psychologiques" au petit pied, la lenteur d'un récit qui se croit visiblement plus intelligent qu'il ne l'est... la recette d'un échec.
[Critique écrite en 2018]