Un de Baumugnes
7.7
Un de Baumugnes

livre de Jean Giono (1929)

"Les choses de la terre, mon vieux, j’ai tant vécu avec elles, j’ai tant fait ma vie dans l’espace qu’elles laissaient, j’ai tant eu d’amis arbres, le vent s’est tant trotté contre moi que, quand j’ai de la peine c’est à elles que je pense pour la consolation." p14

"Maintenant, nous, on a gardé l’habitude. Nous avons tous notre musique de fer. Pour la fête, on s’en va, dans le fin creux de la pâture, avec des bouteilles de liqueur d’orge. Là, nous faisons tous sonner notre “monica” ensemble, pour la merci des vieux qui ont semé notre race." p25

"Une poche amère crève au fond de moi et je comprends que le malheur s’est mis en marche." p26-27

"Ah, dans cette histoire-là, tout a été comme arrangé d’avance pour que je souffre. C’est avec les choses que je vais te dire, pour finir, que je pourrai redevenir heureux. Et elles sont troubles comme si, penché sur un bassin, je les regardais bouger au fond de l’eau. C’est arrivé en rêvant ; ça ne compte pas." p31-32

"Écoute : les batailles avec les mauvaises choses, garçon, ça dure toujours longtemps, mais, même quand on a touché des deux épaules, on ne doit pas dire : c’est fini. On se relève et on recommence ; à la fin, c’est le malheur qui reste dans la poussière." p40

"Voilà comment je les aime, les hommes. Ah, il y en a bien encore quelques-uns de ce genre par ici. Ca console des autres." p74

"(..) de cette sacrée maladie qui me fait souffrir du mal des autres," p77

"Les femmes, voyez-vous, ça complique beaucoup la vie." p 85

"Je n’avais pas pris de sous sur moi pour pas être tenté de boire." p99

"C’est quelque chose, la femme, quand même !" p101

" Que non, peut-être pas précisément, mais c’est des gens pas habitués au malheur (..)" p 103

"— Moi, qu’il dit, si je me pose là, au beau courant d’air, je le veux bien, c’est de mon vouloir, mais la bête, c’est tout niais, sans bras devant le mal. Alors si c’est pas un peu nous qui prenons sa défense, qui ça sera ?" p113

"Moi, j’écoutais un petit bruit dans les platanes, très curieux et que je trouvais doux : c’était une feuille sèche qui tremblait au milieu du vent.

La grosse caisse en mettait à tours de bras. Alors, je suis parti sans profiter de ma chaise et de mon café pour mieux entendre ce qu’elle disait, cette feuille.

Ça vient de ce qu’on n’a pas d’instruction ; que voulez-vous qu’on y fasse ? Cette feuille-là, elle me disait plus à moi que tous les autres en train de faire les acrobates autour d’une clarinette.

C’est comme ça.

Eh bien, la musique d’Albin, elle était cette musique de feuilles de platane, et ça vous enlevait le cœur." p 127-128

"On ne peut pas être d’une sorte avec les bêtes et d’une autre sorte avec soi-même. J’en aurais mis ma main au feu" p147

"Eh bien, voyez-vous, moi, je m’attache aux choses et aux gens. Plus aux choses." p163

"Vous avez beau rire ; j’ai bien trente ans de plus que lui, et, au verso de l’âge, c’est pas rare qu’on se dise à soi-même, entre quatre-z-yeux : “Tu pourrais avoir un garçon dans le genre de celui qui passe, si tu avais été un peu moins porté sur le goût des promenades.”

Laissons ça.

Mais plus copains ! C’est-à-dire, au contraire, qu’il l’était trop pour moi et qu’il a fallu que, peu à peu, je le tue en moi jusqu’au moment où il est devenu ce qu’il est maintenant : un dont je ne sais presque plus le nom : un de Baumugnes !

Le bonheur, voyez-vous, c’est encore la meilleure corde pour attacher les rodomonts.

En voilà un qui se démène, et qui lutte la vie avec les coups réguliers, à la loyale, et qui est là comme un hercule." p184

vico12
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le 14 déc. 2023

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