Jazz sans fusion

Dans un éclat de givre d'Estelle Faye, on suit les pérégrinations de Chet, chanteur jazz qui se produit dans les caves d'un Paris post éco-apocalypse. Ce qui dépasse le périph' est devenu un désert potentiellement mortel. Dans le Paris intra muros, les survivants semblent suivre une vie décousus, du moins celles et ceux qui entourent Chet.

Au gré de ses rencontres, Chet est mandaté pour démanteler un trafic d'une nouvelle drogue, la Substance, qui permet de s'affranchir des effets délétères de la canicule.

Le pitch de base est prometteur. Le décor posé en quelques pages par l'autrice fonctionne bien, on a même une bande son proposé par les reprises de jazz de Chet, qui accompagne bien le roman. On est donc rapidement dans l'ambiance.

Mais rapidement, j'ai été dérouté par l’enchaînement d'intrigues, sans forcement sentir le lien entre elles toutes. On a sans cesse l'impression qu'on a fini le roman, avant qu'il reparte sur une nouvelle quête. Et a chaque fois, un nouvel environnement, des nouveaux personnages qui s’enchaînent. Ils sont bien écrit mais à peine nous lions nous à elles et eux que déjà Chet rebondi comme une balle vers sa prochaine aventure. Laissant toutes nos questions et envies sans réponses.

Le final n'est pas moins réussi que le reste, mais on aurait pu s'arrêter 100 pages plus tôt, ou poursuivre 100 pages de plus sans que ça perde en cohérence. L’improvisation jazz devient un bœuf harmonieux mais qui propose des pièces s’enchaînant sans grande logique ni lien entre elles.

On ressort groggy du roman, sans trop savoir qui a vraiment compté pour Chet et pour nous dans cette belle histoire, qui a quand même indéniablement un style hypnotisant.