Joe est, de l'opinion de tous, un "gentil garçon". Un peu demeuré sur les bords, il aime cultiver cette apparence et jouer aux fils à maman soumis face à une mère castratrice, parano et autoritaire. Pour lui, les gens ressentent une certaine pitié, de l'amusement parfois, au pire pensent-ils qu'"il ne ferait pas de mal à une mouche". Le gentil Joe! Oui mais voilà, ce Joe n'est pas si gentil que cela, il est même le tueur en série que la police recherche... Mais comment soupçonner l'homme de ménage du commissariat réformé P4 (l'homme hein, pas le commissariat)? Au plus près de la police et grâce à ses talents d'acteur, il va accéder aux informations concernant l'enquête et s'apercevoir que la police lui colle sur le dos un meurtre qu'il n'a pas commis. Qui est l'auteur de ce dernier? Pourquoi pas tout lui faire endosser!?
L'écriture est simple, naïve, à l'image de Joe. Dérouté, le lecteur peut tour à tour être attendri par la candeur du personnage et dégouté par ses actes et la façon, méthodique et froide, de les relater. Avec ses manières de vieux garçon et ses réflexions d'enfant (oui bon ok, psychopathe quand même le gosse!), l'humour fait partie intégrante de ce roman. Rire d'un meurtre ou de maltraitance sur animaux, on a du mal à y croire et pourtant c'est vrai, en lisant "Un employé modèle", à plusieurs reprises, on se surprend à apprécier l'humour (très) noir présent dans ces pages.
Le roman prend une toute autre tournure à la mi parcours avec l'arrivée d'un personnage secondaire cruel, à l'image de Joe. Il n'est alors plus question d'enquête mais d'un retournement de situation à laquelle le lecteur n'est pas préparé. Une bonne surprise qui donne un second élan à l'ensemble.
Au final, je déconseillerai aux âmes sensibles de lire ce roman, à ceux qui n'ont pas d'humour également mais pour tous les autres, c'est un grand "GO!" que je leur crie! "Un employé modèle" décoiffe et dépoussière le genre.