Love boat
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Quand on dîne en ville, on doit paraître détendu/intelligent/équilibré, heureux en amour, s'éclatant dans son job qui rapporte un max et avoir tout lu, tout vu , tout entendu.... heu...plutôt avoir un avis sur le dernier Houellebecq et le Despentes et le Jafar Panahi et Christine and the queens. C'est facile de gloser sur tous ceux là, la presse s'est tellement répandue en critiques et interviews qu'exposer son opinion relève finalement d'un bon esprit de synthèse. Pas besoin de perdre son temps à fréquenter les oeuvres, quelques lectures bien ciblées en attendant son tour chez le kinésiologue et l'affaire dans le sac.
Lors d'un de ces dîners, même avec des gens du milieu de l'édition, vous aurez du mal à trouver un interlocuteur ayant dévoré les 800 pages du "Chardonneret" de Donna Tartt. Par contre, et c'est tendance, il se pourrait que vous entendiez quelqu'un s'extasier sur ...par exemple ... "un délicieux roman d'un jeune auteur français vraiment prometteur" ou "Le dernier Bataille ( Christophe pas Georges et encore moins Julie) est une pure merveille". Et là, impossible d'arrêter la personne qui part dans un exposé énamouré.
Ainsi, quelqu'un ayant avalé la prose de Vincent Almendros s'étalera sur le style si merveilleux de ce jeune auteur qui a en plus la pertinence de courir sous la casaque des chiquissimes éditions de Minuit. Il évoquera ce huis clos qui lui a tant rappeler " Plein soleil". Il s'emballera sur ces quatre personnages confinés dans un bateau à voile et qui semblent tous avoir des choses à cacher. Il s'esbaudira sur cette écriture qui rend chaque objet aussi présent qu'un personnage et sur ces sublimes descriptions d'animaux marins qui souligne en finesse la possible tragédie qui se noue. Il se déchaînera sur la fin si inattendue qui éclaire le roman d'une nouvelle lumière encore plus lourde. Son auditoire verra bien que là on tient un vrai lecteur et l'admirera en se demandant comment il fait pour trouver le temps de se plonger ainsi dans la vraie littérature....
Si l'un des convives se rend par hasard dans une librairies et trouve "Un été" de Vincent Almendros, il s'apercevra très vite que la performance est minime. Le livre compte 96 pages, titre, dédicace et autres falbalas compris et fait partie de ces petites choses qui peuvent combler intelligemment un parcours en RER. Nous sommes devant ce que j'appellerai un nouvelle de bonne longueur. Ce que j'ai dit plus haut est vrai. il y a une belle écriture qui rend les nombreuses descriptions parfaitement passionnantes et enserre ses personnages dans une atmosphère oppressante et orageuse.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2015/05/un-ete-de-vincent-almendros.html
Créée
le 12 mai 2015
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