Critique de "La crucifixion en jaune"
Cette critique est en fait une critique de "La crucifixion en jaune", série policière en quatre tomes, Un été japonais étant le premier. Je me voyais pas faire une critique pour chaque tome, au risque de me répéter sur certains éléments. C'est une série que je vois plus comme un ensemble que comme quatre tomes distincts.
Cette série raconte donc les aventures et les déboires de Gilbert Woodbrooke au Japon, photographe fétichiste à la morale un peu douteuse, vaguement dénué de chance et qui a le don de s'embarquer dans des histoires louches et dangereuses. Ce qui lui permet, et à nous aussi, de découvrir les aspects sombres du Japon, pour le meilleur et pour le pire !
Cette série, je l'ai dévoré. Le style de l'auteur est dynamique, mais également ironique/humoristique/cru puisque nous sommes dans la tête du personnage principal, Gilbert. Les personnages, haïssables au possible pour certains, ne laissent pas indifférents et donnent envie de savoir ce qui va leur arriver. On a envie de voir ceux que l'on apprécie s'en sortir, surtout quand la situation s'annonce vraiment mal. Et surtout, on veut savoir comment va s'en tirer Gilbert, qui semble attirer les ennuis à lui et que je n'ai pu que détester. Trop humain, trop proche de personnes que l'on peut connaître voire de nous-même par certains aspects de sa personnalité, trop détestable dans sa façon de penser (une vraie torture puisqu'on est dans sa tête durant quatre tomes). Mais en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver un brin de sympathie pour lui, qui reste plus sympathique que la moitié des individus croisés aux détours des pages.
Et puis, il y a l'histoire, qui fait tout l'intérêt de ces quatre tomes, en particulier lorsque l'on s'intéresse un peu à ce pays. A travers les quatre romans de cette série, l'auteur évoque et aborde certains problèmes japonais ou certains passages particulièrement sombres de l'histoire du pays. C'est simple : un tome = un thème principal. Le premier parle des yakuzas, le deuxième de la secte Aum-Vérité Suprême et de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en mars 1995 dont elle est responsable, le troisième de l'unité 731 (unité secrète chargée de travailler sur le développement d'armes bactériologiques), le quatrième du "viol de Nankin". Chaque tome est complétée d'une petite bibliographie donnant des pistes au lecteur souhaitant se renseigner un peu plus.
Plus l'histoire avance, plus elle devient complexe et intéressante. Le premier tome, Un été japonais, est de loin le moins profond au niveau de l'intrigue, mais il pose les bases de l'histoire et du personnage principal. Les suivants abordent leur thème d'une manière plus complexe, plus profonde, les deux derniers tomes ont été aussi captivant que révoltant. On aimerait que ces romans ne racontent qu'une simple histoire et ne s'appuient pas sur un fond de réalité qui donne envie de vomir. Bien évidemment, il est également important de bien garder à l'esprit qu'il s'agit d'une fiction basée sur une histoire vraie, orientée sur des faits précis, et que chaque pays a, malheureusement, des actions dégueulasses à son actif.
Pour conclure, si je devais résumer mon avis en une petite phrase : une série à lire et à relire ;-)