Retour de lecture sur "Un fils en or" un roman de Shilpi Somaya Gowda, romancière canadienne originaire de Bombay, publié en 2015. Ce livre raconte l'histoire d'Anil qui est le fils aîné d'une famille de petits propriétaires terriens dans la province de Gujarat en Inde. Il est le premier et le seul enfant de la famille à faire des études et à aller à l'université. Son rêve est d'étudier la médecine de pointe, il commence ainsi ses études en Inde, qu'il poursuivra aux États-Unis à Dallas dans le Texas, en effectuant son internat dans un hôpital prestigieux. Il y trouvera l'amitié, connaitra l'amour, des échecs et découvrira également la compétition acharnée entre étudiants, un système avec des passe-droits et le racisme. Ce livre traite du poids des traditions et des tiraillements auxquels sont confrontés les jeunes qui choisissent de vivre ailleurs, dans une toute autre culture. Au cours de ses années d'études Anil retourne régulièrement en Inde, on alterne alors d'un chapitre à l'autre, entre l'Inde et les États-Unis, entre d'un côté un pays archaïque avec des traditions ancestrales et de l'autre côté le pays censé être le pays le plus développé au monde. Shilpi Solaya Gowda montre bien que les États-Unis, malgré leur haut niveau de développement économique, peuvent être tout aussi arriérés que l'Inde. le parallèle est intéressant entre un pays qui a un système de castes qui s'approche de l'esclavagisme puisque les intouchables travaillent et n'ont droit à rien, et le passé des États-Unis, notamment dans cet état du sud. Ces deux environnements correspondent pratiquement à deux extrêmes sur la planète et pourtant les deux se rejoignent plus d'une fois au niveau de la bêtise humaine. le livre est très intéressant pour son descriptif de la culture indienne ou tout doit être fait selon certaines règles, souvent strictes.
L'auteure nous montre la complexité de ce pays avec beaucoup de réalisme et de justesse, notamment à travers ses traditions archaïques, patriarcales, que l'État essaye de supprimer, avec les mariages arrangés avec dot, et une condition féminine déplorable. Les femmes étant encore considérées dans certaines régions comme des servantes, des esclaves à la disposition des hommes. Elle nous parle des vieilles traditions de son pays d'origine à travers d'innombrables exemples comme entre autres, la chique du betel, qui provoque des problèmes de santé à ne plus en finir et nous montre également l'importance que peut avoir dans cette culture les sciences occultes comme l'astrologie. L'auteure déroule son histoire avec beaucoup d'humanité, on prend ainsi beaucoup de plaisir à suivre tous ces personnages, peut-être un peu caricaturaux, mais tous plus attachants les uns que les autres. Malgré un contenu souvent très dur, violent, c'est une lecture qui reste très agréable, avec une écriture particulièrement douce et fluide. Cette dernière caractéristique est en même temps une de ses qualités et son principal défaut, la douceur dans l'écriture donnant un côté un peu trop détaché par rapport aux horreurs décrites. Malgré une fin sans relief qui m'a déçu, cela reste un très bon roman, très instructif, avec une belle histoire, qui nous fait voyager et découvrir une culture très différente de la notre. Une lecture à laquelle il manque néanmoins quelques ingrédients pour être plus que sympathique et agréable.
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"Pourtant à mesure que les années passaient, il sentait s'agrandir la distance entre les deux mondes où il vivait, et son pays d'adoption lui manquait autant que celui qu'il quittait. Ce serait toujours ainsi, il l'avait compris, toujours ce tiraillement entre la terre qui l'avait vu naître et celle qu'il avait choisie."