Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s
En plus d’un livre sur le délitement du couple, c’est aussi le regard d’un Norvégien sur la Suède. Et c’est là où c’est le plus réjouissant, où on sent l’humour assez savoureux de Knausgard. J’étais allée en Suède moi-même dans ma jeunesse, et même si j’avais beaucoup aimé, il y avait un côté lisse, froid et distant qui avait fini par m’étouffer. Et on pourrait croire que deux pays si proches que la Norvège et la Suède se ressembleraient, mais culturellement, et aussi au niveau de la langue, ça a l’air aussi différent que si un Français allait vivre au Québec ou l’inverse ; on sent qu’il est vu comme un rustre, un grain dans la mécanique d’une société bien huilée, et lui, au contraire les voit comme des bénis oui oui qui parlent de politique comme on parle de météo. Et même si c’est une part minime du conflit qui l’oppose à sa femme, on sent que ça ne peut qu’accroitre une sensation (et en même temps un besoin) de solitude.


Si le roman se concentre sur la relation entre lui et Linda, des débuts idylliques à l’inévitable besoin de dé-fusion, il suit aussi la même construction que le premier tome, une construction digressive, qui lui permet d’articuler sa pensée sur des sujets aussi variés que le couple, la famille, la littérature, la sainteté, la modernité, … Et ce que j’aime bien avec Knausgaard, c’est sa manière de parler de l’art dans tous les domaines, une manière qui pourrait faire name dropping et être agaçante mais qui donne vraiment envie de lire Dostoïevski, Hölderlin, de se renseigner sur la peinture et la photographie (art qui ne m’atteint pas vraiment habituellement). Il nous pousse à être curieux, ou plutôt, sa propre curiosité et soif de savoirs est contagieuse. Par rapport à la question sur la trahison en littérature, deux choses : d’une, celle du lecteur, car lors de son long dialogue avec son ami Geir dans un bar vers la fin du livre, conversation qui prend plusieurs pages, eh bien, même si je ne doute pas qu’elle s’est produite, je la trouve trop bien reproduite justement. Je me demande comment elle peut avoir été inscrite à la virgule près dans sa mémoire, et d’un côté elle a quelque chose de quasiment cinématographique. Autre point, sa femme bien sûr. Car en plus de mettre en lumière ses défauts, il parle aussi de sa maladie, ainsi que ce qu’elle-même dit de sa maladie, et forcément, on est mal à l’aise. D’un autre côté, c’est moins que ce que j’avais imaginé, et on sent aussi la tendresse, l’amour profond qui les lient l’un à l’autre.


Je sais que ma chronique est moins détaillée que d’habitude, c’est parce que je vais faire une vidéo plus complète sur l’auteur d’ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c’est trahir ? »
Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s

YasminaBehagle
9
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Créée

le 7 mars 2022

Critique lue 86 fois

YasminaBehagle

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