Cette fois, Philippe Besson nous entraîne à Falmouth (en cornique : Aberfala), ville portuaire à l'extrême sud des Cornouailles, en Angleterre, au bord de la Fal où nous faisons la connaissance de Thomas Shépard que tout le monde appelle Tom, cet homme resurgit dans sa ville natale, après avoir été condamné pour un crime , le plus impardonnable qu'il soit. Les habitants n'ont toujours rien oublié, bien des années après ce drame. Personne n'accepte son retour. Il fait partie des proscrits. Ce retour est considéré comme une provocation,une indécence, une insolence. On ne pardonne pas à Falmouth.
Ce livre se lit d'une traite, par sa construction. Il est formé de micro chapitres,ce qui rend sa lecture limpide. De plus,dès les premières pages, J'ai été séduit par la plume de l'auteur qui nous décrit parfaitement l’austérité de Faimouth,où tout est figé immobilisé, fossilisé même. Le temps n a pas de prise. La population renfrognée n'est pas très causante.Cette ambiance laisse à penser que le suspens s'est invité dans cette ville qui semble refermer un terrible secret. Ce qui donne envie au lecteur de connaître au plus vite la fin de l'intrigue.Cette atmosphère pesante règne tout au long du texte et elle s'accentue au fur et à mesure que l'on approche de la fin. Et pourtant on ne peut lâcher l'ouvrage, on est pris dans le tourbillon de l'histoire.
Comme le commerçant pakistanais ou la jeune fille en mal d'amour, qui l'écoutent attentivement, ou encore encore le jeune Luke, son compagnon de cellule qui a su calmer ses angoisses en l'écoutant, le lecteur ne juge pas son geste ni les différentes attitudes qu'il adopte, il ne peut pas interrompre sa lecture de peur de troubler le discours de Tom.
Le personnage de Thomas Spencer est un personnage attachant,déjà dès son enfance, il s'est drapé de solitude il a du faire face aux regards cruels des enfants pour un léger handicap, une légère claudication, Ensuite, cette solitude était encore présente en prison.Cette solitude ne le quitte pas lorsqu'il revient à Falmouth, il emprunte tous les chemins de son enfance. Cependant,malgré l'accueil que lui réserve sa ville natale d'une part et le lourd fardeau qu'il porte d'autre part , il reste digne , ne se plaint jamais. Il ne tient pas compte du regard des habitants. On ne peut que admirer cette force de caractère.
Philippe Besson aborde un thème délicat celui de la perte d'un enfant. La douleur d'une mère impose le respect. Une terrible épreuve pour tous les parents qui se retrouvent désemparés, amputés d’une partie d’eux-mêmes et d’un moteur de vie. « Faire le deuil d’un enfant prend des années. Il s’agit d’apprivoiser quelque chose de monstrueux, Chacun accomplit ce deuil à sa façon, ce qui rend ce texte émouvant; bouleversant et qui nous arrache quelques larmes.
Pour finir, l'auteur nous ouvre les portes du milieu carcéral où violence brutalité et insultes multiples, sont quotidiennes. Coups, blessures, agressions, sévices et viols sont fréquents.Toutes ces révélations glacent le sang.