Petites natures effarouchées passez votre chemin car voici une oeuvre tordue de violences, rongée par la misère, avec une poignée de vagabonds antipathiques et de rebelles en fuite qui ne s’en sortiront jamais.
Dans la préface du « Jardin de sable », Donald Ray Pollock résume parfaitement le premier roman d’Earl Thompson : « c’était rempli de sexe, de salauds, de crasse, d’alcool et d’une profonde pauvreté, mais, à sa façon triste et sordide, c’était également beau ».
En pleine crise des années trente, les grands parents qui élèvent Jacky vivotent de petits boulots, avant de prendre un routier à côté d’une station service qui ne sert pas que de l’essence, et d’une salle de billard qui fait aussi bordel parfois. Le môme est un filou mais surtout un obsédé sexuel. Le petit pervers étanche d’abord sa fringale de douceurs et de frottis féminins au sein généreux d’une tante pas trop gênée aux entournures. Les seins et regarder sous les jupes sont une obsession mais Jacky ne s’arrêtera pas là. Lorsqu’il retrouve sa mère qui était en cavale et l’emmène sur les routes il passera du voyeurisme à l’acte véritable en baisant sa mère à l’âge de onze ans. Wilma est une sorte de sainte putain très jolie qui écarte souvent ses jolies jambes pour nourrir son fils et aussi pour le plaisir, et malgré cela, Wilma est le personnage le plus attachant. Avec eux, nous partons à la rencontre de pouilleux, de déjantés, tous dévorés par la pauvreté. Entre la violence, le machisme brutal et la bêtise ambiante, le chemin initiatique de Jacky est terrifiant mais Earl Thompson nous emporte avec son style conversationnel engageant et facile à lire.
Un roman âpre, terrible par moments. C’est la vie, brutale, nauséabonde, fragile et magnifique.