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Ces handicapés d'une autre dimension se posent beaucoup de questions dans ce roman d'Austin Grossman.

Il est loin le temps de Superman, super-héros infaillible, toujours prêt à rendre service sans se poser de questions. De même, les « méchants » de cet univers, toujours en quête d'un pouvoir absolu, n'ont que rarement expliqué cette soif de vengeance. Austin Grossman dans « Un jour je serai invincible » aborde le genre comme un s'il s'agissait d'un roman psychologique. Il va imaginer toute une bande de héros, bons ou mauvais, et leur triturer l'intellect pour tenter de découvrir pourquoi ils ont choisi un camp plutôt qu'un autre, comprendre ce qui les fait avancer.
L'auteur se penche plus spécialement sur le cas du Docteur Impossible. Le méchant absolu. Au début du roman il est en prison. Comme souvent dans son existence. Car s'il a des pouvoirs extraordinaires et une imagination débordante pour tenter de devenir le maître du monde, ses plans foirent toujours au dernier moment. Notamment quand entrent en jeu les « bons », menés par CoreFire.
Emprisonné, le Docteur Impossible attend le bonne occasion pour se faire la belle. Etre méchant, c'est avant tout être patient et discret. Alors qu'il répète une millième fois son plan dans sa tête sans rien laisser paraître, l'escouade des héros positifs est inquiète. CoreFire a disparu. Le groupe d'une petite dizaine d'individualités va se renforcer avec l'arrivée d'une ancienne militaire, mi-humaine, mi-ciborg : Fatale. Gravement blessée, elle a été sauvée et « améliorée ». « Il me semblait symboliser à la perfection ce que j'étais devenu : une femme toute neuve, mystérieuse, sexy, cybernétique et dangereuse » explique Fatale qui est une des narratrices de ce roman. C'est elle qui va décrire les relations parfois tendues entre Damoiselle, Blackwolf, Ferox ou Lily, la seule ayant débuté méchante (et même maîtresse du Docteur Impossible) pour finalement changer de camp.
Fatale qui a longtemps admiré les super-héros, est toute impressionnée d'être devenu l'une des leurs. Des super-héros bien différents du début. « Certains d'entre eux ne portent même plus de masque. Ils ne s'encombrent plus d'identité secrète genre cadre classe moyenne ; ils sortent avec des stars, participent à des galas de charité. Même leurs pouvoirs sont plus cools : vivacité, fluidité, non-linéarité. Adieu les montagnes de muscles, place à de nouveaux pouvoirs relevant surtout du style. »
A l'annonce de l'évasion du docteur Impossible, c'est le branle-bas de combat chez les super-héros. D'autant que CoreFire, le meilleur d'entre eux, est toujours introuvable. Le docteur, de son côté, doit tout reprendre à zéro. Car être un super-méchant, cela signifie souvent ne pas avoir d'amis et devoir se débrouiller seul. On le suit dans cette quête insensée : devenir le maître du monde. Et l'auteur, par petites touches, grâce à des flashbacks, explique pourquoi cet étudient insignifiant, a basculé du côté obscur et mis sa formidable intelligence au service d'une vengeance sans fin. On découvre ainsi comment il s'est choisi son surnom. C'était au tout début de sa carrière. Son premier braquage pour avoir les liquidités nécessaires à l'achat du matériel indispensable à ses expériences. « Les humiliations s'accumulent et vous savez que jamais vous ne pourrez les venger toutes, même si vous êtes infiniment supérieur à vos persécuteurs. Votre égo est ailleurs, invisible, inconnaissable. Impossible. « Je suis le Docteur Impossible ! » Je criais littéralement. »
Un roman qui fascine par la complexité des personnages, loin d'être lisses et manichéens. Il y a beaucoup de souffrance et de gamberge, avec un zeste d'humour typiquement britannique pour détendre l'atmosphère et faire au final un objet littéraire unique.
litout
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le 6 déc. 2010

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litout

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