Résumé Un mariage anglais de Claire Fuller
Gil trouve une lettre dans un livre. Par la fenêtre, il voit une femme. Il veut en avoir le coeur net. Il sort et tente de suivre cette silhouette aperçue ou rêvée. Le temps est exécrable. Gil tombe.
A Londres, Flora est avec Richard. Elle reçoit un appel de sa soeur Nan qui l’informe que leur père est à l’hôpital.
Avis Un mariage anglais de Claire Fuller
Pourquoi Ingrid a disparu il y a plus de 10 ans, laissant deux filles adolescentes seules avec leur père ? Le lecteur le saura en lisant les lettres laissées par Ingrid à son mari. Lettres qu’il n’a jamais lues, sauf une, celle qui est à l’origine de son accident. Ces lettres ont été disséminées dans les centaines de livres présents dans la maison où ils habitaient. Dans ces lettres, elle raconte leur rencontre et ce qui s’est passé par la suite. Elle fait état de sa vie auprès de lui et surtout sans lui. Elle s’interroge sur ce mariage, sur ce lien, cet amour qui s’est distendu.
Disparition ? Mort ? Nul ne le sait, ni son mari, ni ses filles, ni ses amis. Ingrid retrace donc son histoire, de sa rencontre avec Gil alors qu’elle était une étudiante de 20 ans. Lui était son professeur. Il avait 20 ans de plus qu’elle. Malgré son envie de faire sa vie, Ingrid va tomber amoureuse de cet homme, cet écrivain. Un homme à femmes, qui aime séduire et qui attire les femmes. Un homme qui achète des livres compulsivement et pas n’importe lesquels, ceux qui sont annotés par leurs précédents propriétaires. Pour Gil, est-ce que posséder Ingrid était voulu, était-elle une nouveauté, un trophée à rajouter à son tableau de chasse ? Personnellement, je pense qu’il n’a pas su la retenir, lui dire qu’il l’aimait. On le sait, en couple, on rate beaucoup de choses par la force de l’habitude, parce qu’on se sent invincible, que l’on ne voit pas que l’autre souffre, change. Et on ne peut pas revenir en arrière. Entre culpabilité et trahisons, la vie d’Ingrid, qu’elle a choisie, n’a pas été franchement rose.
Flora et Nan sont les filles de Gil et Ingrid. Flora a 22 ans. Elle avait donc une dizaine d’années lorsque sa mère a disparu. Tout comme son père, elle ne croit pas à la mort d’Ingrid. Elle la cherche. Elle lui manque. Elle est beaucoup moins effacée que Nan, qui, elle, cache sa douleur. Flora n’a pas compris la gravité de la situation de son père. Elle ne veut pas qu’il meure. Bien que Nan ait été plus âgée lors de la disparition de sa mère, elle s’est retrouvée, du jour au lendemain, à avoir à gérer son père et sa soeur. Un rôle de grande soeur et surtout de femme avant l’heure. Dans ce roman, à travers ses lettres, on sent une mère qui n’a pas su s’y prendre avec Flora, la fille de son père. Le lecteur sent que les filles sont très attachées, également à leur père, surtout Flora. Pour Nan, c’est plutôt un devoir, car elle a vu sa mère souffrir et elle connait la situation de leur union.
Souvent, dans ce roman, il est indiqué que c’est le lecteur qui fait le roman, avant son auteur. C’est le lecteur qui en assure le succès. Je veux bien le croire et je l’ai toujours cru. J’ai lu ce roman sans déplaisir, mais le plaisir n’était pas au rendez-vous également. Je ne me suis pas laissée embarquer par cette histoire. Je ne pense pas que cela soit le fait de cette liaison entre un prof et son élève. La première question de cette chronique reflète cette impression. Connaître cette disparition, dès le départ, a gâché, je pense, ce plaisir de lecture.
L’auteur oscille donc entre ces phases du présent où Flora, surtout, Nan et Gil sont bien présents, et ce passé composé de lettres. Nous avons un grand nombre de descriptions, d’une nature belle, forte, qui peut reprendre ses droits à tout moment. Une nature, par les mots de l’auteur, qui se trouve magnifiée et dont le parallèle est fait avec les personnages, leurs sentiments, leur vie. Les éléments du quotidien trouvent également leur place.
Je remercie Netgalley et les Editions Stock pour cette lecture.