Maylis de Kerangal nous offre un roman magnifique. Elle suit au plus près le parcours de cette jeune fille déterminée. Avec pudeur et précision, elle pose son regard lucide sur Paula. Elle suit les moindres gestes, pensées et doutes de la jeune femme en construction. Nous assistons à l’édification d’un être qui doit saisir les éléments pour s’accomplir. Ce livre a tout d’un roman initiatique (un apprentissage suivi de l’adoption d’un mode de vie) et l’écriture a le souffle d’une aventure utilisant les mythes d’aujourd’hui (le cinéma, la nature, le retour à un contact avec l’environnement…). Paula apprend son art à l’Institut. Les chapitres fourmillent de termes techniques, devenant sous la plume de Maylis de Kerangal une véritable poésie, obscure et captivante.
La finesse de l’autrice se perçoit dans les scènes entre Paula et ses parents. Les moments de discussion, d’incompréhension générationnelle témoignent autant de l’amour des uns pour les autres que de leur maladresse. Le vocabulaire, riche et loin de formules toutes faites, est si bien manié que chaque phrase crée des images ensorcelantes et plonge le lecteur dans une réelle intimité. C’est émouvant d’assister à l’avancée dans la vie de Paula. Cela passe par le monde professionnel – véritable découverte – sans pour autant se limiter à cela. L’enjeu réel est l’épanouissement de Paula. Elle doit digérer tout ce savoir, le transcender pour mieux se connaître, sortir d’elle le poids de l’âme pour mieux vivre. De nombreuses descriptions s’arrêtent sur les postures, sur l’énergie fournie par le corps pour exercer ce nouveau métier. Placée d’une certaine manière, Paula voit comme elle le doit et peut travailler comme elle le veut....
Pour en savoir plus, lisez ma critique sur mon blog Le tourneur de pages https://tourneurdepages.wordpress.com/2018/08/24/un-monde-a-portee-de-main/