Un bonheur littéraire sans fin !

Après le fabuleux "les piliers de la terre", voici que le talentueux auteur récidive par un récit sis dans la même ville de Kingsbridge, dépeinte quelque deux siècles après sa première fresque.

C'est dans un cadre familier que vont se dérouler amours, intrigues et trahisons, pour le plus grand plaisir des lecteurs. La scène est installée mais le milieu de ce XIVème siècle recèle une des pires catastrophes que vécut l'humanité durant l'ère chrétienne en occident, la grande peste noire de 1348 qui décima l'Europe d'un tiers de sa population.
C'est donc dans un véritable jeu de quilles létal que se trouvent les personnages, attachants ou irritants qui peuplent ce roman, face au fléau qui les télescope de plein fouet. Ceux-ci, vibrant ou souffrant dans cette époque rude où les croyances fallacieuses et rumeurs destructrices ont la vie dure, endurent comme ils le peuvent cette épreuve qu'ils pensent envoyée du ciel pour les punir de leurs péchés.
Avec le regard d'un homme contemporain (mais ça tombe bien, les lecteurs appartiennent à l’époque contemporaine !), Ken Follet offre la vision d'un moyen-âge aux mœurs obscurantistes où certains intellects avant-gardistes tentent de percer le voile de ténèbres que l'église catholique et ses zélotes aveugles tentent de maintenir sur les esprits dévôts. Même si l'Histoire subit quelques contraintes, le bonheur de s'immerger dans le récit demeure intact. L'ambiance apparaît terriblement crédible, les personnages formidablement campés par des tempéraments extrêmement bien construits. Comme dans son roman médiéval précédent, c'est sur des décennies que le lecteur va pouvoir suivre les tribulations des ses héros favoris, qu'ils soient pétris d'honneur ou constitués de la rouerie la plus vile. Une des forces principales de l'auteur est en effet de savoir créer des personnages principaux, mais aussi secondaires vraiment très solides, que ce soit dans leurs caractères ou leurs interactions variées. Et que de rebondissements au cours de ces années ! Que de vengeances, de mesquineries et de coups bas durant des lustres ! Mais que d'instants de grâce, d'amour et de bonté aussi !

Pour ceux qui goûtent l'époque médiévale et les fresques puissantes, c'est un festin littéraire dont il s'agit. A peine l'épais volume repris en main après une pause, le temps cesse de s'écouler et l'esprit du lecteur est littéralement happé en ces temps jadis où l'impitoyable de la vie quotidienne terrassait ou endurcissait les hommes et les femmes d'alors. L'auteur, d'une générosité prolifique, offre alors à ses voyageurs littéraires pas moins de 1286 pages de bonheur en caractères !

A ceux qui ont aimé découvrir "les piliers de la terre", sachez qu'une nouvelle cathédrale littéraire vous attend avec ce fabuleux roman qui se lit comme une flèche filant vers le ciel encombré de la perfide Albion !