Cette critique contient des spoilers
Quand je me suis rendu compte que les aventures de Joe, aka Le boucher de Christchurch, avaient eu droit à un second volet, la méfiance a rapidement pris le pas sur le plaisir de retrouver le personnage. J'avais beaucoup aimé Un employé modèle, entre autres parce que sa fin était parfaite, mais j'imagine qu'en littérature comme ailleurs, un succès ne peut pas rester sans suite.
Un prisonnier modèle est très différent du premier livre, ce qui, vu la situation de Joe au départ de ce second tome, était inévitable. Ce qui m'avait plu dans le premier opus, c'était la plongée malsaine et intimiste dans le quotidien de ce serial killer qui, au travers de son "activité" nous faisait découvrir sa vision du monde complètement biaisée via une écriture bourrée d'humour noir. Il n'y avait que deux narrateurs, et les chapitres de Joe occupaient facilement 80% du contenu global. Parce que oui, ne nous leurrons pas, ce qui fait l’intérêt de ces bouquins, c'est Joe.
Ici, les choses changent radicalement. On a quatre points de vue principaux : Melissa, qui est une espèce d'alter ego et âme sœur de Joe dont on avait fait connaissance dans la dernière partie du premier livre. Très sincèrement, c'est un personnage que je n'ai pas été enchanté de retrouver, étant donné que je ne l'avais déjà pas aimé dans le premier bouquin, tellement il me paraissait sorti de nulle part et pas crédible. Cet aspect-là des choses ne change pas dans cette suite. Un autre point de vue est celui d'un ex-inspecteur qui avait travaillé à l'arrestation de Joe et qui est maintenant reconverti en consultant pour une émission télévisée de criminologie. Il semblerait qu' un autre livre de l'auteur lui soit dédié, puisque que Paul Cleave a apparemment fait une sorte de "multivers" consacré à Christchurch. Je ne l'ai pas lu et je ne le lirai pas, donc pour moi, ce personnage n'a rien eu de distinctif par rapport au flic lambda de polar. Le dernier point de vue est simplement un personnage utilisé comme un pion par Melissa pour arriver à ses fins. Au final, j'étais régulièrement pressé de terminer ces chapitres pour en arriver à ceux de Joe.
Si le début de l'ouvrage se tient relativement bien, il faut quand même avoir une certaine dose de tolérance pour accepter sans broncher son dernier tiers, puisque le réalisme et la crédibilité sont laissés de côté, notamment pour le passage sur l'évasion rocambolesque de Joe. La fin est facile, bien moins pertinente à mon goût que celle du premier opus, mais elle a le "mérite" de laisser à l'auteur la possibilité d'écrire une trilogie si l'envie lui en prenait. Ce n'est donc pas un mauvais livre qui fait honte à l'original, mais c'est assez clairement moins bon, d'autant plus que ce dernier se serait suffit à lui-même. Mais si vous l'aviez aimé, vous devriez pouvoir globalement trouver votre compte dans celui-ci.