Allez, on va commencer l'année avec un brin de culture me suis-je dit, et pour ne pas risquer d'aggraver les maux de tête, je me suis tourné vers un très court roman (ou grosse nouvelle) de Stephan Zweig qui venait de se rappeler à mon souvenir via le "Grand Budapest Hotel" de Anderson. Lecture facile en effet, lecture courte clairement et lecture anecdotique au mieux...
Quelle mouche a piqué Zweig de nous raconter cette fable bizarre, située dans la riante campagne anglaise, peuplée de vieux messieurs dames prenant le thé? Quelle idée de tailler ainsi le portrait... d'un clebs? Car il s'agit bien ici d'une étrange histoire (familière pourtant pour les propriétaire de toutous) de territorialité et de clash de tempérament entre un maître et son chien. On a tous connu une de ces personnes qui laissent trop de place à leur chien, au point qu'elles semblent habiter chez lui et non le contraire... Mais peut-être que je me trompe et que Zweig avait là un sujet intemporel après tout.
Le texte lui-même est bien enlevé, car l'art du portrait chez Zweig n'est nullement entamé par le fait que son sujet est quadrupède et tire la langue. Il nous dresse aussi un tableau intime et intéressant du couple parasité par le monstre et le fait que l'action soit vue par les voisins rend tout plus flou et sans doute moins ridicule. C'est pas mal fait, en fait, quand j'y repense. Et puis la légèreté fait place à quelque de plus sinistre, qui ferait presque virer cette bleuette vers un texte fantastique. Mais Zweig n'est pas Edgar Allan Poe...
Un petit roman assez surprenant dans son sujet, peu convaincant dans la forme et qui ne m' a pas réconcilié avec monsieur Zweig, je dois dire.(son "Erasme", notre dernière rencontre, était assez baclé..).. A lire si vous tombez dessus un soir d'été au bord d'un canal...