Après avoir fini ses études en histoire arménienne et byzantine, l’auteuse en herbe Anna Linden Weller, aka Arkady Martine décide d'écrire une saga imaginaire, version SF de sa « thèse » de fin d'études autour de lettres de diplomates byzantins. Ah oui ? Tiens, est-ce que ça pourrait être aussi bien que du Silverberg ? Peut-être, faut voir. Allez, je me lance dans le bain… et je rame… et je galère… et je ne suis pas loin de me noyer. Comme d’habitude, quand lecture tend à rimer avec torture, ma vitesse est inversement proportionnelle à l’ennui qui me submerge. Vais-je gâcher un week-end par ailleurs bien chargé à finir ce livre (350 pages lues sur 500 quand même) ou m’en vais-je de ce pas résumer mon avis ? Comme disait Coluche, la réponse est comprise dans la question.
Absence d’originalité, noms de personnages ridicules, abus de pouvoir de la poésie, enjeux artificiels, didactisme insupportable, rythme paraplégique, péripéties inutiles, intrigues politiques pompées sur Game of Thrones, manque d’ampleur en dépit des ambitions affichées, panorama étriqué – on ne quitte jamais la ville-planète (tiens, Coruscant ?) – alors qu’on nous vend un Empire galactique (tiens… Star Wars, ah oui, déjà fait). Prix Hugo 2020, ce roman prétentieux et boursouflé (qui aura évidemment une suite, qui décrochera sûrement une deuxième statuette, comme l'usurpatrice NK Jemisin, va comprendre, Charles) n’arrive pas au premier niveau de la cheville du prix Hugo 1965, Dune pour ne pas le nommer. Depuis quelques années, il y a un vrai problème avec ce prix, un problème politique genré qui ne serait pas si grave s’il ne débouchait sur un gros problème de qualité des œuvres primées. Là où c’est pourtant très drôle, malgré tout, c’est quand la frange féministe hyper-active des Hugos dénonce à grands cris la SF « impérialiste » des vieux mâles blancs, et que leur lauréate écrit en gros dans le même registre, en réchauffé et en moins bien… La science-fiction regorgeant d’œuvres majeures et exceptionnelles depuis plus d’un siècle, il n’y a donc aucune urgence à lire ce dispensable opus.