Eros + Massacre

Le monde se divise en deux catégories dans les livres de Dennis Cooper : ceux qui se font découper en morceaux (souvent à leur demande), et ceux qui se font fister. Parfois le même personnage fait le grand chelem : n'est pas le pape de la littérature « queercore » qui veut. Dans "Un type immonde", recueil de textes courts, comme dans ses poèmes "Les mauviettes", Cooper emprunte à "Microfictions" sa noirceur, à Tarantino sa violence gratuite. Le monde est un cauchemar-trash-ultime. Mais l'humour cinglé de Cooper change tout. Un lycéen viole ses camarades avant de les démembrer ? On se marre. Dialogues loufoques, tortures psychotiques... Les horreurs les plus inimaginables ont ici quelque chose d'étrangement terre à terre. Et la question de nous tarauder : et si tout cela n'était pas que de la fiction ? Des dix-huit nouvelles, on retiendra particulièrement celle intitulée sobrement "Le directeur littéraire qui faisait une fixation sur le stade anal" : soit le timide éditeur d'une revue porno qui commente et apporte ses corrections obséquieuses à un texte X ! Mais Cooper dérange surtout quand il frappe au nerf. Plane alors l'ombre des "Kids" de Larry Clark dans l'analyse clinique de notre génération d'abrutis dont les valeurs volent en éclats.