Nothomb parle régulièrement de grossesse, en se référant à ses écrits. Elle enfante, s'amuse-t-elle à dire, hilare - sur les plateaux télévisés des chaînes nationales et satellites. Des monstres, j'ajouterai. Des êtres difformes, imbus d'eux-même, hésitant entre le bovarysme le plus obscène et une auto-adoration du grotesque régulée par des principes chers tant à l'auteur qu'au narrateur.
Cette grossesse, sous toutes ses formes, obsède l'Amélie. Ainsi que l'obésité qu'elle suppose - quoiqu'aujourd'hui, la majorité des gynécologues prescrivent un régime strict aux femmes enceintes, bientôt aux hommes enceintes, croisons les doigts. Obsession de l'obésité. Gras de l'obsession. Bourrelet encombrant. Ciseaux. Pan Pan. Jeu de mains, jeu de vilains. Qu'elle est vilaine de nous servir ce mets boudin, ce plat répugnant, cette attention nauséabonde.
Les traumatismes se soignent, et plutôt bien, de nos jours, dis-crè-te-ment. Inutile de hurler son désarroi, son instabilité et son inconstance. Même sur papier. Qui de surcroît, date d'une époque révolue - d'où le style prépubère d'une écriture anti-trompe-l'oeil, qui lasse sauvagement les globes oculaires de tout lecteur averti.
Cette lecture-métro signe la fin de l'ère du roman épistolaire. Comme le souligne inlassablement le guignol de PPDA, bel être humain lettré que tu es : dorénavant, éteins ta télé (et les chaînes d'information sensationnalistes qui diffusent une erreur globable jusqu'à épuisement de toute résistance cérébrale), maudis l'Outre-Atlantique étasunien et sa gastronomie contre-gourmet, et replonge dans Montesquieu.
Pour notre maman poule, une seule solution: l'autodafé.