Après les succès mondiaux du Capital au XXIe siècle, et de son Histoire des inégalités, Thomas Piketty s’attaque cette fois-ci, de concert avec la journaliste économique Julia Cagé, au concept de classe géosocial, en retraçant données en main l’histoire du conflit politique et ses évolutions en France depuis la Révolution. Les auteurs retracent l’évolution du vote selon les zones géographiques, et démontrent une évolution significative du regroupement du vote pour des candidats dits libéraux ou en phase avec l’économie mondialisée. En d’autres termes, les deux dernières élections d’Emmanuel Macron constituent les deux élections avec le moins d’électeurs issues de classes défavorisées. La chute historique du vote ouvrier pour une droite classique (LR) ou modéré (Modem, Renaissance, Horizons) constitue le fer de lance et l’argument de vente du Rassemblant National qui, avec le reliquat substantiel de vote à gauche (entre 25 % et 35%), récupère intégralement le vote ouvrier. A l’aune des élections européennes qui s’annoncent et où le RN culmine à 30 % d’intentions de vote, et trois ans avant le changement de président, Une histoire du conflit politique permet de comprendre pourquoi et comment la gauche s’est spatialisé, partitionné, et donc l’urgence de construire un discours et une méthode capable, elle aussi, de rendre justice à celles et ceux qui en ont besoin.