En refermant ce livre je suis confrontée plus que jamais aux questionnements existentiels provoqués par mon système de notation sur SC -ou plutôt, mon manque de système de notation. J'arrive à trancher lorsqu'il s'agit de film, mais en littérature, va savoir pourquoi, c'est plus compliqué. Car la note que je donnerais à Une rose au paradis, varie d'un extrême à l'autre si je considère :
- le plaisir que j'ai pris à le lire
- la qualité globale de l'oeuvre
- l'oeuvre considérée dans son contexte (début des années 80)
Pas très courageuse, je me rabats sur un 6.
Impossible à dire pourquoi, dès les premières pages, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait d'un des bouquins qu'on nous imposait de lire à l'école -pour le style uniquement. C'est aussi la premier livre que je lis de Barjavel. Et son écriture me semble incroyablement datée, je ne saurais dire pourquoi. Sans que cela me déplaise complètement - hormis pour la scène érotique, toute en métaphores d'une autre époque, mais après tout pourquoi pas :)
Concernant le fond, maintenant, ça m'a fait l'effet d'un épisode de Black Mirror (série que je trouve globalement mauvaise, même si quelques épisodes sortent vraiment du lot) : des personnages caricaturaux (lui est un génie d'ingénieur; elle, elle est belle et romantique, elle fait de la couture), des acteurs qui jouent mal, des énormes ficelles de scénario. Mais ! Du suspens à chaque page qui fait qu'on continue quand même avec un plaisir un peu coupable. Tout est gros, tout est improbable, les genres s'emmêlent : on est aussi dans le théâtre de boulevard par moments, ce qui donne un ensemble assez déconcertant.
Je m'en vais jeter un œil à l'oeuvre de Barjavel, qui m'a tout de même fortement alléché, même si cette histoire de rose ne m'a pas vraiment convaincue.
Une dernière chose : Barjavel dépeint les sentiments amoureux comme plus forts que tout, il les dote d'une réelle puissance d'action. Si sur le coup j'ai appréhendé cela comme du romantisme fleur bleue un peu cucul, je me suis vite ravisée, comprenant qu'il ne s'agissait pas de cela. Mme Jonas fond encore d'amour immédiatement pour son mari dès qu'elle plonge ses yeux dans les siens, au bout de 16 ans de vie (très) commune, et c'est beau. Les personnages sont d'une extrême bienveillance les uns envers les autres, par pur amour désintéressé -oui, c'est à dire par pur amour^^ Si ces sentiments restent durant toute l'oeuvre en toile de fond, on peut tout aussi bien les voir comme le socle de celle-ci. Tiens, ça me pousserait presque à revoir ma note à la hausse...