Valets et maîtres
En théorie, il faudrait avoir lu "Orgueils et préjugés" de Jane Austen pour apprécier le prolongement inattendu qu'en fait Jo Baker. En effet, l'écrivaine a choisi de s'intéresser aux invisibles du...
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le 21 avr. 2024
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Attention, avis qui pique les yeux et l'odorat
Pipi-Caca-Popo.
Voilà.
Voilà ce que vous allez découvrir dans ce roman.
Ou l'art de noircir des pages avec des récits de vidange de pots de chambre et de blanchissage de serviettes hygiéniques.
"Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient aussi lisses et immaculées que des statues d'albâtre sous leurs habits, mais, une fois dépouillées de leurs camisoles souillées, celles-ci aussitôt emportées, elles redevenaient des créatures de chair, de sang et de sueur. C'était peut-être pour cette raison qu'elles lui donnaient leurs ordres dissimulées derrière leurs tambours à broder ou leurs livres ; Sarah avait frotté leurs taches, celles laissées par leurs menstruations, elle savait qu'elles n'avaient rien d'anges éthérés [...]."
Mais POURQUOI cette volonté de salir ce qui est beau et de faire chuter de leurs piédestaux les figures emblématiques qu'une littérature de génie a talentueusement hissé au-delà de la médiocrité ?
ENCORE un "auteur" qui aura voulu VENDRE en brandissant le miroir aux alouettes du chef-d'oeuvre de Jane Austen, alors que son roman aurait pu avoir une vie propre en développant un thème peu traité et pourtant intéressant et respectable, celui de la domesticité. Mais là où Kazuo Ishiguro et Octave Mirbeau ont mis de la beauté et de l'intérêt, Jo Baker n'aura mis qu'une saleté sans aucun intérêt, car qu'apprendrez-vous en lisant "Une saison à Longbourn" ? Accrochez-vous à votre chaise, les bras vont vous en tomber. Et bien, que dans les cuisines et les offices d'une maison bourgeoise du XIXème siècle, ça trimait dur, ça lavait, ça récurait, ça brossait, ça épluchait, ça lessivait, bref, que c'était une vie de chien mais, bon, quand même, pas si différente de celle de la majorité des contemporains et encore, que c'était mieux que les champs ou l'armée parce que vous aviez à manger à suffisance, un toit au-dessus de la tête et des vêtements sur le dos. Je parie que vous ne vous en doutiez pas ?
Ah, et puis, Jo Baker vous dira aussi que les bourgeois chiaient... comme tout le monde. Si, si, je vous assure, ils remplissaient leur pot de chambre toutes les nuits. Bref, ils faisaient comme tout le monde, comme vous, moi, le pape François et Donald Trump, ils déféquaient régulièrement. Le seul hic, c'est que comme il n'y avait ni WC ni tout-à-l'égout, il fallait que les domestiques vident leurs sanies dans une fosse d'aisance. Le croyez-vous ?
Enfin, et ça, croyez-moi, vous n'auriez jamais pu le deviner tout seuls : les demoiselles Bennet, comme toutes les femmes de l'univers depuis Eve jusqu'à Marine le Pen - oui, oui, nos espions nous informent que Marine Le Pen est une femme - avaient... leurs règles ! Vous savez, le truc sanglant qui revient tous les mois et qui nous met les nerfs en pelote, énerve nos messieurs mais leur permet d'être des papas gâteau.
Bon, et bien, voilà, je crois qu'on a fait le tour de ce que vous apprendrez en lisant ce roman.
Plus sérieusement - et j'espère que vous me pardonnerez ce billet d'humeur - je ne comprendrai jamais pourquoi au lieu d'assumer pleinement une trame narrative empreinte de la personnalité et du talent de son auteur, un récit doit se cacher derrière un chef-d'oeuvre pour espérer avoir le droit d'exister. Je crie à l'arnaque éditoriale, une fois de plus ! Nonobstant un style déplorable (cf. la seule citation que j'ai extraite et qui me semble suffisamment représentative de la vacuité littéraire de l'oeuvre), "Une saison à Longbourn" aurait vraiment eu ses chances pour charmer un public déjà conquis par Downton Abbey ; Jo Baker a d'ailleurs quelques bonnes idées même si elle a une fâcheuse propension à s'accrocher à tous les clichés du genre. Bref, elle aurait pu s'en sortir avec une honnête petite romance légère et bien non, il a fallu qu'elle tombe dans le piège de l'usurpation.
Pour finir, à tous les admirateurs de Jane Austen, n'espérez pas trouver ici un quelconque enrichissement d'"Orgueil et Préjugés" ; à part apprendre qu'Elizabeth Bennet se rinçait les aisselles à l'eau claire, vous en serez pour vos frais.
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