Une poignée de bombes nucléaires éclatent dans le ciel au dessus des principales puissances occidentales, créant des IEM et réduisant ainsi nos civilisations au Moyen-Âge technologique. Le récit prend place dans une petite bourgade du sud des États-Unis, que l'auteur décrit à la perfection. La mise en place de l'intrigue, si elle est amenée de façon classique, est plutôt bien ficelée. Très vite, la situation se dégrade et les survivants commencent à adopter des comportements sauvages et malsains, le héros - ancien colonel de l'US Army et vétéran de la Guerre du Golfe - se démène pour aider ses compatriotes du mieux qu'il peut au travers de l'horreur la plus totale.
Tout ça est très alléchant, et on se laisse facilement prendre au jeu, d'autant que le style est très agréable et très détaillé, l'ambiance est au départ parfaitement retranscrite, c'est très plaisant et surtout crédible. Seulement, et c'est ce qui va en partie gâcher tout le récit, en plus de fâcheuses répétitions, on sent transpirer une sorte de pro-americanisme tout à fait malsain au travers du discours de l'auteur. D'une part, Forstchen, apparemment très impliqué dans le fait de dénoncer le risque des IEM, nous rabâche sans cesse au travers de différents personnages qu'il s'agit d'une faille énorme que le gouvernement continue de nier et que ce sera de sa faute si une situation comme celle décrite dans le bouquin arrivait. Merci mon gars, on avait compris à la première allusion, pas la peine de le répéter toutes les cinq pages (jusque dans la postface!). C'est très lourd et très embêtant. Ensuite, et c'est probablement le plus gros défaut du livre, ce pro-américanisme dont je parlais précédemment: le héros et les autres protagonistes répéteront de très nombreuses fois "NOUS SOMMES AMERICAINS" (on imagine le drapeau Stars & Stripes qui flotte en fond) pour justifier le fait qu'ils soient gentils. Les protagonistes sont confrontés à des méchants bureaucrates plus intéressés à leur propre personne qu'aux divers survivants? "Mais bon sang, comment est-ce possible, ce sont des américains!" Ils sont confrontés à de monstrueux anthropophages (sataniques, si si)? "Nous ne sommes pas comme eux car nous sommes et nous resterons américains, pour la grâce de Dieu!". Au final, à la lecture du bouquin, on se rend compte que si la communauté survit, c'est parce qu'ils sont tous américains, donc tous gentils et frères. Cette facette du livre est tout simplement puante, elle est désagréable et gratte comme un furoncle sur le cul. A vrai dire, c'est un discours comparable à celui du président tueur d'aliens dans Independance Day (les amateurs de nanars apprécieront la référence).
Bref, la lecture devient difficile, d'autant plus que la fin devient un gros n'importe quoi, on quitte la survie dans un cadre hostile pour des scènes de guerre totale complètement idiotes. Et tout ça avec le drapeau amerloque qui flotte toujours en arrière-plan.
Et c'est dommage, car si le début du livre laisse présager du meilleur, avec énormément de qualités, au final l'auteur nous livre une semi-diarrhée de très mauvais goût. Gerbant.