« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard »

Cette douce apocalypse, huit nouvelles fantastiques et poétiques publiées en 1999, illustre à quel point notre monde, sûrement et (hélas) rapidement, court à sa perte, et, si les espoirs de rédemption existent, combien ils sont minces.

Le recueil démarre très fort avec « L’envers de l’Histoire contemporaine ». Quatre scientifiques spécialistes du climat et originaires de quatre continents arrivent à une conclusion identique : la disparition de l’humanité (pas le journal, non, nous tous !) est proche. Les informations dans les media servent souvent à faire diversion. Ici on ne lésine pas sur les moyens pour masquer cette découverte susceptible de nous plonger dans l’apocalypse. Une nouvelle noire non dénuée d’humour avec un petit coup de griffe au passage au climato-sceptique Claude Allègre.

« Aphrodite ou les heures creuses » vante les mérites de l’amour l’après-midi, un privilège historiquement réservé aux oisifs et rentiers de tout poil et paradoxalement maintenant accessible aux chômeurs grâce à la crise, une nouvelle dans laquelle la sensuelle Aphrodite se retrouve - grâce au plaisir charnel authentique - justicière malgré elle.

La nouvelle éponyme nous conte le désarroi du ministre de l’Intérieur et des cultes dans un monde qui s’effondre. « De sa mission, il s’était fait une idée désespérée, minimale et précise, qui se résumait en quelques mots : sauver ce qui pouvait encore l’être, c'est-à-dire pas grand-chose. » Un miracle suffira t-il pour sauver le monde ? Vous le saurez en lisant « Une si douce apocalypse ».

Dans « L’ami de Sophie », vous pouvez vous laisser aller à une douce dolence, avec un Martini on the Rocks, la chute, du genre brutal, se chargera de vous réveiller.

« Une si douce apocalypse » est un recueil de huit perles imprégnées de la pluie du nord qui nous montrent le monde en gris car, comme dans la grande histoire, le monde n’est pas toujours noir ou blanc dans ces nouvelles de Jérôme Leroy, les tueurs peuvent aussi révéler leur part d’ange, et certaines femmes à l’apparence d’anges être aussi des démons.
MarianneL
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le 18 févr. 2013

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