Après cinq ans de séparation, une heureuse rencontre chez mon gentil libraire m'a permit de reprendre contact avec le duo de choc Carol-Tony. Et quel contact !
Au bout de cinq ans bien sûr, on oublie certains détails. Les premières pages furent donc un peu laborieuses, comme lorsque l'on retrouve un ami perdu de vue depuis un moment : il faut que la mise à jour s'effectue avant de passer aux choses sérieuses.
Nous retrouvons donc ici une Carole et un Tony plus fracassés que jamais. Pour ceux qui, comme moi on la mémoire courte, je rappelle au passage que dans The Retribution, Jacko Vance avait tué le frère de Carole ainsi que son épouse. Colère et deuil pour Carole qui rejette la faute sur Tony, lui même rongé par la culpabilité de n'avoir pas su prédire le mouvement de Vance.
Alors que ces deux pauvres âmes avaient appris à se connaître, à se faire confiance, à s'entraider et à s'ouvrir l'un à l'autre au fil des sept premier roman, ils se retrouvent ici séparés et sur le point de couper définitivement les ponts. Carol cachée au fin fond du Yorkshire, Tony retranché sur la péniche de son défunt papa.
Difficile alors d'écrire un Tony-Carol lorsque l'un et l'autre ne se voient plus... Pourtant, Val McDermid parvient à garder l'attention du lecteur et explorant les blessures de l'un et l'autre et en laissant planer la menace d'une rupture définitive.
L'un des gros points positifs de ce Cross ans Burn est l'émergence de Paula McIntyre. Certes, nos deux héros sont bel et bien là, mais sans aucune accréditation ou autre, ce n'est pas à eux de mener l'enquête. Et un roman de McDermid, spécialement de cette série, sans une bonne enquête, c'est tout bonnement impossible.
Loin de jouer les bouches trou, Paula prend une réelle importance dans ce roman. Sa vie de policière et de femmes sont mises en lumière et ce troisième homme est plus qu'un simple faire valoir ou qu'une excuse pour amener Tony et Carol à se retrouver. Un plaisir inattendu mais indéniable qui apporte du frais à la série et lui évite, en se focalisant sur les malheurs de ses deux personnages, de tourner en rond et de lasser le lecteur.
Celles et ceux qui ont suivit l'adaptation télé apprécieront peut-être aussi le passage de Fielding. Pour ma part, je dois admettre avoir aimé le traitement du personnage. Plus froide et déterminée que sa version télé, cette Fielding en devient plus intéressante et sa confrontation avec Tony n'en est que meilleure.
En ce qui concerne l'enquête à proprement parlé, je dois admettre une petite déception. Carol est peut être forte, surtout secondée par Tony, mais la facilité avec laquelle elle retrouve le meurtrier m'a quelque peu déçu. Une étape supplémentaire, corsant la chose aurait été appréciable mais dans l'ensemble nous avons là un policier à la hauteur de ses prédecesseurs.
Un huitième volet un peu différent des précédents donc, mais qui garde toujours le même entrain et se lit toujours aussi bien. Les fans de l'auteur devraient franchement apprécier.