La majestueuse épouvante
Comment devenir un psycopathe meurtrier en 429 pages. Rassurez vous, les deux ou trois premières descriptions de la tuerie sont les plus difficiles, les suivantes couleront toutes seules. Ayez...
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le 6 oct. 2013
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Le hasard du calendrier fait que je me suis coltiné le livre Utøya de Laurent Obertone alors que deux films sur le sujet (dont un de Paul Greengrass, habitué à traiter d'événements marquants de l'actualité au cinéma) vont bientôt sortir. Hasard car ça faisait longtemps que je voulais découvrir le récit de Laurent Obertone sur le sujet, d'autant que l'écrivain rentrait dans la tête de Breivik pour faire un récit des événements.
Evidemment, le but d'un récit est de s'éloigner de la réalité, de s'imaginer quelque chose tout en se basant de cette même réalité. C'est pour cela que l'auteur semble s'être incroyablement documenté notamment sur les lésions corporelles des différentes victimes de la petite île norvégienne. Victimes qui sont, pour la plupart, toutes des mineures d'âge.
J'ai deux gros problèmes avec le livre de Obertone et qui vont au-delà de la qualité d'écriture de l'auteur, que je trouve plutôt bonne dans son ensemble (même s'il y a quelques fautes d'ortographes assez inadmissibles ("tu est" par exemple)). Le premier point d'interrogation de la part de cet auteur provient des sources. Elles ne sont jamais citées et ça me pose un problème. Il tend à donner des chiffres, des témoignages de personnages sans vraiment me dire d'où ils viennent. Je suppose que cela provient du procès mais ce n'est pas clair. On est peut-être dans un récit mais lorsque Obertone donne les endroits d'entrée et de sortie des balles, les dégâts occasionnés et j'en passe ou lorsqu'il donne la parole a un autre personnage que Breivik, on revient dans le "réel" (la mise en forme ou la taille de police change dans ce cas).
Le second point provient certainement de la malhonnêteté intellectuelle de Obertone. Pour ceux qui le connaissent un petit peu, c'est un écrivain qui avait défrayé la chronique en sortant un précédent livre, La France Orange Mécanique, qui disait que la criminalité en France avait augmenté avec les étrangers mais que son livre se mettait surtotu du côté des victimes. Je ne l'ai pas lu, mais je ne vais pas en juger. Ce même bouquin avait été plébiscité par Marine Le Pen.
Je pense en tout cas qu'Obertone veut d'une part faire passer ses idées à lui à travers le personnage de Breivik. Pire encore, j'ai même l'impression que par moment, l'écrivain était réellement fasciné par le personnage. Tout le livre est un déferlement de haine contre les pensées de gauche, réléguées à du Marxisme pur et dur. Je n'ai pas envie de rejeter fermement toutes les idées de Obertone, très à droite de manière générale et des dérives de notre société actuelle, sous toutes ses formes. Il y a des choses pour lesquelles il a raison mais je trouve néanmoins que se masquer de la sorte, de vouloir faire passer les choses de manière insidieuse et en se servant du massacre de Utøya est malhonnête.
Obertone, à travers Breivik, semble avoir une sainte horreur des idées de gauche. C'est son choix. Mais se servir de Breivik est assez effrayant. D'autant qu'il tente à déshumaniser totalement le geste du personnage (il parle de reptile lors de ses actes meurtriers) ce qui est une erreur aussi, à mon sens. Et ce n'est pas les dernières pages du dernier chapitre qui semblent vouloir dire que Breivik sera hanté par les morts qui vont véritablement rattraper un discours malsain et répétitif, en permanence, répétant sans cesse que ces petits Marxistes en puissance ont bien mérité leur sort.
Pas étonnant en tout cas que Obertone ait trouvé un écho auprès du Front National.
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Créée
le 17 oct. 2018
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