Vermines
9.4
Vermines

livre de Romain R. Martin (2017)

Dernière publication de l'excellente maison Flamant noir, qu'il va m'être difficile de mettre dans une case si tant est que je le veuille. Très étranges lecture, écriture et sensation. Ambiance noire, polar sans aucun doute, mais le reste, oscille entre chroniques, roman, aphorismes, délire total, humour noir voire très noir... Voyez un peu la relation mère-fils décrite par Arnaud : "Dès le départ, notre relation fut biaisée : à peine posé sur le ventre flasque de maman que déjà son odeur me révulsait. La faute à une très mauvaise peau puant le tabac tiède, trop longtemps badigeonnée de crèmes en tout genres sous forme d'échantillons, jetés gratuitement au fond de son sac plastique par des vendeuses trop zélées. Notre rencontre n'a donc jamais eu lieu, ou alors disons qu'elle fut d'un genre du troisième type." (p.16/17) Le reste est à l'avenant. Humour franchement noir, caustique, ironique, ravageur, je pourrais rajouter des tonnes de qualificatifs, acerbe, amer, sardonique, narquois voire diabolique... tous sont justes et le tout donne un ton unique et génial. J'ai ri, souri aux mésaventures d'Arnaud même si je me posais pas mal de questions, car la construction du roman est telle qu'on a des bribes d'informations sur la vie du héros, mais pas vraiment d'explications à son existence actuelle, tout arrive à la fin, tout s'éclaire. Quand j'écris tout s'éclaire, je parle du sens de l'histoire, parce qu'icelle reste définitivement noire. Elle entre dans le glauque, le bizarre, le burlesque, l'étrange : aucun des personnages n'est fréquentable, tous ont des attitudes étonnantes, des comportements déconcertants, inattendus et très fort est celui qui découvre avant le dénouement le fin mot de l'histoire.


C'est une lecture pas banale que ce Vermines ; au détour d'une page, se glisse une phrase-choc comme la suivante qui est un exemple parmi tant d'autres : "Une nuit irascible, agacée, telle une compagne qui n'a pas joui." (p.105/106), autant vous dire que je me suis régalé de bons mots, de tournures à retenir -que je ne parviendrai pas à retenir-, de beaux moments de langage châtié aussitôt suivi d'un dialogue plus familier.


Cette étrange ambiance est le fait d'une part du style de l'auteur, d'autre part de ses personnages décalés, totalement barrés et iconoclastes et enfin de son histoire racontée par petits morceaux que le lecteur doit recoller avant l'explication finale. Le tout donne un roman très original qui m'a surpris et ça j'adore ça. Etre surpris par un livre, ça n'arrive pas tous les jours, à tel point que j'en ai totalement occulté mes habituels bémols. Mais peut-être tout bonnement n'y-en-a-t'il pas ?

YvesMabon
10
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le 1 nov. 2017

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Yv Pol

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