Vigile, gardien, personne qui veille. Un titre bien choisi. Un premier roman éblouissant.
L'auteure reconstitue un épisode de sa vie qui est arrivé cinq ans plus tôt. Antoine, l'homme qu'elle aime de toutes ses forces fait un arrêt cardiaque. Étrange d'être éveillé par le silence, d'être en alerte.
Commence un combat entre la vie et la mort. Elle appelle les secours et commence un massage cardiaque, une force l'anime. Une respiration, un retour à la vie, une nouvelle mise au monde ! Elle pense à la naissance de Margot et Victor leurs enfants.
L'auteur s'adresse à la première personne, c'est puissant. Malgré ses peurs et sa détresse elle trouve la force et se bat pour deux. Trente minutes d'arrêt cardiaque, c'est long . Commence l'attente, elle est présente à ses côtés, vigile prenant soin de son amour. Elle l'entoure, lui parle. Ses amis remplissent l'espace, la chambre d'espoir et d'amitié, ils lui témoignent amour et solidarité. Elle lui parle sans cesse, se remémore avec lui la naissance de cet amour. Elle le touche, lui dépose une écharpe en Cachemire entre les mains, le souvenir de leur voyage à Calcutta, la conception de leur enfant de la mousson.
Elle passe par différents stades ; le doute, la peur mais ne lâche rien, elle veut 'entourer. Une histoire d'amour malgré l'attente difficile, elle est présente toujours pour mener ce combat.
C'est bouleversant, sublime. Un récit qu'on lit en apnée. un récit qui touche à l'intime. C'est pudique. Le style est sobre d'une justesse incroyable. La plume est sensible, d'une délicatesse rare, elle nous transmet ses émotions. Une écriture superbe tout en retenue.
J'avais l'impression d'être concernée, de ressentir le doute, l'espoir, de vivre cette attente.
C'est juste magnifique, impossible de ne pas être submergée par l'émotion, l'intensité du récit, je n'ai pas retenu les larmes .
Un récit qui me poursuivra encore longtemps.
Une pépite à découvrir de toute urgence.
Un immense coup de coeur
Les jolies phrases
Ta vie précieuse entre mes mains, mon chéri, c'est tellement difficile...
Souffler. Inspirer. Tout entière plonger dans une vague, qui me porterait au-dessus. L'autre lame est puissante, s'enfonce jusqu'au entrailles et éclate le cerveau.
J'obéis. En pilotage automatique, mais avec ce soulagement étrange, stupide, de n'avoir plus toute ta vie entre mes mains. Puisqu'ils sont arrivés.
La vie sans l'autre, quand on l'a partagée si longtemps, est-ce qu'on s'y habitue ?
Peut-être que leur papa ne s'en sortira pas. Mais je veux qu'ils soient entourés. Que l'école soit joyeuse pour eux. C'est cela que je dis, dans le bureau de la directrice. Et parce que cette femme, que je connais à peine, laisse couler ses larmes, les miennes aussi jaillissent.
Tendre de fils pour ne pas se laisser submerger par la déferlante.
Mon amour je le savais, tu es entre la mort et la vie. Mais ton coeur bat. Tu es plus vivant que tout à l'heure. Alors je veux me raccrocher à la pensée de te retrouver.
Oui je me sens soudain si coupable. De ne t'avoir pas protégé, pas assez aimé, pas assez regardé. Si j'avais su, est-ce que j'aurais pu ? Est-ce que l'on s'aime en s'épargnant ?
Alors que je te parle, te dis à voix haute ces pensées qui me traversent, parce qu'il faut bien parleer, oser. Cela, toi et moi on sait le faire, ouvrir notre coeur à ceux qui se taisent.
Et l'on a perdu la pudeur, parce que les mots sont écrits par d'autres et c'est comme un costume que l'on prend pour mieux se dévoiler.
Mon homme entre la mort et la vie . Qui pourrait consoler l'autre ?
La patience, que je n'ai jamais eue, je veux l'avoir pour toi. Je n'ai que cela à faire, attendre et sublimer.
Tant que je parle, rien n'est fini, mon amour. Négocier. Oui, négocier encore. Même si c'est vain. Simplement pour ne pas sombrer.
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