Et bien non ! La patriarcat est gravé dans la pierre aussi.
Cet ouvrage explore les différents visages du patriarcat dans la ville : personnes transgenres, enceint-es, non hétéros, non blanches... Les corps des femmes sont souvent compris comme étant la cause ou le symptôme des problèmes urbains. N'oublions pas le pire fléau social... la prostitution qui menacerait de détruire la famille, rien que ça ! Ou encore la mère enceinte, première coupable de l'embourgeoisement ni les femmes racisées et immigrantes qui reproduirait la criminalité ! Ce livre relate les nombreux obstacles physiques, symboliques, économiques, sociaux, qui façonnent le quotidien des femmes*. N'importe quelle femme peut vous raconter la fois où elle est sortie de métro avant l'arrêt de destination pour voir si elle était suivi ou faisant un détour pour être sûr-e de ne pas l'être.
J'ai beaucoup aimé la pluralité des points de vue choisis : tantôt la ville aux mères, aux amies, en solo, aux manifestantes mais surtout la ville de la peur. Le saviez-vous ? Le stress a non seulement une incidence sur la longévité mais aussi sur la structure de votre ADN. Oui, la ville empêche les femmes* de vivre des vies remplies, libres et indépendantes dans les villes. Le patriarcat est gravé dans la pierre : la plupart des urbanistes sont des hommes. La géographie féministe essaie donc de lutter pour nous inclure. Elle est aussi un moyen de lutter pour d'autres luttes comme celle contre les caméras qui peut amener les personnes racisées à être encore plus surveillées. On y voit aussi qu'il est complexe de pérenniser des espaces queers dans le temps car ces personnes travaillent bénévolement et sont plus précaires. Abolir la police et la prison sont des questions qu'elle évoque.
Comme solution, de multiples questions en suspend. En Europe, ce qu'on appelle la transversalisation du genre émerge. C'est une approche utilisée en urbanisme pour faire rentrer dans le budget des réflexions sur le genre, visant à soutenir le travail reproductif qui fait lui-même vivre la société. Mais cette méthode n'est pas suffisante pour supprimer les cartes mentales que nous avons, toutes unique en fonction de notre existences dans la ville
Le militantisme, dans ses manifestations publiques, tout particulièrement, est l'une des choses qui m'a le plus rapprochée des villes et de mes valeurs féministes. Bien avant que je ne découvre le concept de droit à la ville dans la pensée de gauche, participer à des manifestations a concrétisé mon sentiment d'appartenance à la ville et a confirmé que mon indignation à l'égard de l'injustice généralisée qui définit non seulement ma vie, mais celle de millions d'autres, était justifiée. "