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Retour de lecture sur "Vingt ans et un jour" de Jorge Semprun publié en 2003 dans sa version originale en espagnol. L'histoire de ce livre tourne autour de l'évocation d'une étrange cérémonie macabre : en 1936, un groupe de paysans en colère avait assassiné José Maria, le jeune héritier du riche domaine de la Maestranza dans un village près de Tolède. Depuis, la famille oblige chaque année les paysans à rejouer en expiation cet assassinat. Vingt ans plus tard, un universitaire américain essaie d'assister à cette cérémonie qui n'aura pas lieu, remplacée par l'enterrement côte à côte de l'assassiné et d'un des ses assassins, le domestique Chema, qui fût un ami d'enfance. C'est le prétexte pour Semprun de nous dessiner une Espagne très nuancée dans ces années 50, lors des premières manifestations contre le Caudillo. Se côtoient ainsi les enfants des "rouges" perdants de 1936 et ceux de la jeunesse privilégiée des vainqueurs. Semprun nous dresse quelques tres beaux portaits, notamment celui de la femme de l'assassiné, Mercedes. Ces portraits, tout en subtilité, montrent une société espagnole de l'époque très fragmentée. L'église catholique est également très présente dans ce roman, avec deux courants antagonistes, l'un ultra conservateur et l'autre plus progressiste. Un livre avec beaucoup de références politiques et culturelles, on y côtoie même Hemingway, et il y a tout particulièrement une évocation récurrente du tableau "Judith et l'holopherne" d'Artemisia Gentileschi qui fait partie intégrante de cette histoire.

Une lecture qui a un côté un peu pénible car il n'est pas toujours facile de suivre l'histoire. On est souvent perdu à cause des trop nombreux personnages évoqués, qui en plus ne sont pas toujours appelés par le même nom. La structure du récit en elle-même est aussi très déroutante, il y a souvent des retours en arrière et même des passages dans le futur. On voit bien tout au long de cette lecture que l'auteur veut jouer avec le lecteur, mais cela est bien trop répétitif, trop confus, et Il y a des pirouettes narratives qui n'apportent vraiment pas grand chose à part de tout compliquer inutilement et de nous perdre. Pour finir, malgré le fait que l'on a souvent du mal à suivre l'auteur, c'est un livre qui reste très intéressant, avec ce portrait d'une Espagne, vingt ans après sa guerre, qui n'est qu'au début de sa réconciliation nationale et qui cherche encore à se libérer du franquisme.

Daniel_Sandner
7
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le 14 juil. 2024

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Daniel SANDNER

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