Il y a parfois des moments brefs de notre vie qui changent notre rapport au monde et restent en nous gravés plus profondément que des années entières. Parfois, vingt-quatre heures suffisent à changer la vie d'une femme. C'est ce que ce livre en tout cas nous fait comprendre. Ecrit avec une grande finesse, tout l'art de Zweig y est, la concision, la mesure, et surtout la grande lucidité. Une mise en abîme nous permet de suivre le récit d'une passion, celle qu'a éprouvée une Mrs C., quelques vingt-cinq ans auparavant pour un jeune inconnu, joueur compulsif et au bord du gouffre. Passion qui n'a pourtant duré que vingt-quatre heures...
Peut-on condamner une femme qui délaisse mari et enfants, qui agit contre toute morale et toutes convenances, pour un jeune homme inconnu, rencontré vingt-quatre heures auparavant ? Personnellement, j'ai été étonnée de la réponse que j'ai été amenée à défendre après avoir lu ce livre.
J'ai beaucoup aimé ce livre, car le style de l'auteur est efficace et très percutant. Jamais encore je n'avais trouvé aussi justement décrites, comme sont dépeintes sur le visage du jeune inconnu, "les forces démoniaques de l'existence". J'avais déjà beaucoup aimé "le Joueur d'échecs" et " la Confusion des sentiments" où là encore, Zweig sait nous transmettre avec une justesse étonnante, le difficile tourbillon des sentiments humains. Prenant "plus de plaisir à comprendre les gens qu'à les juger", l'auteur livre ici une nouvelle magnifique... à lire absolument.