Est-ce que vingt quatre heures peuvent changer la vie d'une femme?

Telle est la question de ce court roman de Stefan Zweig, qui relate comment une femme honorable, veuve et seule au monde, a pu s'éprendre d'un jeune homme en ayant simplement observé ses mains dans un casino, et ressenti toute la détresse dont elles étaient détentrices.

S'en suivra une grande confusion entre fièvre du jeu, affres de la solitude, instinct maternel et passion amoureuse.
La puissance de ce texte, c'est que jamais Zweig ne se fait juge ou moralisateur, malgré les déboires de son héroïne. Il conte avec justesse et délicatesse la mince frontière qui existe en raison et déraison, folie et amour.
La force de ce récit provient également de son enchâssement dans un premier: dans un hôtel les hôtes réalisent qu'une femme mariée est parti avec un jeune français arrivé la veille.
C'est au milieu des pires sentences que s'élève humblement cette confidence.

On ne peut s'empêcher de rappeler que Stefan Zweig divorcera d'avec sa première femme avec qui il était depuis plus de quinze années pour épouser sa toute jeune secrétaire, celle là même qui décidera de l'accompagner par delà la mort dans son suicide.

Le ton doux du roman pose donc un regard compatissant sur la nature humaine, dans ces élans de folie, rarement épargnée par la société bien pensante, et nous rappelle que nul n'en n'est à l'abri. En matière de sentiment et de subjectivité il n'est pas de bienséance.
madamedub
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le 7 mai 2011

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