L’autrice, Delphine HORVILLER est une rabbin du Judaïsme en Mouvement. Quand elle définit son rôle, elle parle, bien sûr, du temps consacré à officier et enseigner en synagogue ou traduire des textes anciens pour qu’ils soient audibles et compréhensibles par la génération actuelle. Mais, plus que tout, elle se définit comme conteuse. Une grande partie de son temps, dit-elle, elle accompagne en effet les vivants touchés par la mort d’un proche. Elle leur raconte des histoires issues de l’Ancien Testament ou de la tradition juive pour qu’ils trouvent du sens (à la fois direction et signification) que la vie prend face à la mort.
Son approche de la célébration des funérailles juives est donc bien de se centrer sur ceux qui restent. Ceux qui vivent dans la perte de repères (repaires), dans le désarroi, qui ont une vie à reconstruire tout en faisant mémoire du mort. Elle aime rappeler que le cimetière, dans l’étymologie du mot hébreux, se traduit par « jardin des vivants ». C’est donc un lieu non destiné aux défunt mais à ceux qui restent, lieu où ils pourront évoquer et garder mémoire de ce mort, ce proche qui a été partie intégrante de leurs vies.
Delphine Horviller puise donc dans la tradition les histoires qui permettent, moyennant une explication et un éclairage de notre temps, d’appréhender les forces, les valeurs, les questions et les parcours de vie des défunts. Chargés de symboliques, ces textes ouvrent à un à-venir.
Face à la mort, on entre dans ce livre sans angoisse et on en sort enrichi du sens qu’une Tradition peut donner à la vie. Et, ce qui ne gâte rien, elle délivre toutes ces approches, chargées de connaissances, avec de nombreuses anecdotes mettant en exergue l’humour juif et le sens de la vie qu’il recèle. Bien des expressions, passées dans le langage courant, trouveront ici leurs origines et aideront les uns et les autres à se situer sereinement face à la mort, cette mort qui n’est autre qu’un moment de vie !
J’ai beaucoup aimé ce livre, très accessible et non anxiogène sur un sujet aussi important que nos morts et les vivants qui continuent à les faire vivre.