Depuis qu’il était sorti de son ventre, il ne la regardait pas comme un enfant regarde sa mère. Elle l’aurait tant voulu, pourtant. Déjà, il n’était pas seulement son fils, et il l’impressionnait. Ce fils n’a jamais été vraiment à elle. Il ne craignait rien, il n’avait nul besoin d’elle pour le protéger. De mère, il n’avait pas besoin.
Sa vie à elle, maintenant, se partage entre la maison et la mer. Jean veille sur elle de loin. Elle n’est pas vieille, elle n’a pas d’âge.
C’est une sculpture de la Nativité, réalisée par un artiste anonyme et représentant une Vierge allongée en train de lire, qui a conduit Jeanne Benameur à imaginer Marie autrement. Une écriture toujours aussi poétique, douce et fragile. Une œuvre singulière qui surprend le lecteur. Jeanne Benameur nous décrit une femme comme les autres, avec ses peines, ses souffrances, ses désirs, sa soif d’apprendre et de transmettre. Ici, il y a peu de paroles, juste un regard, une main qui frôle un visage. Un texte sensible et délicat, à lire en prenant son temps. Reposer le livre quelques instants, puis le reprendre pour se plonger à nouveau dans ce récit lumineux.