Aujourd'hui, elle a signé la vente de la maison qu'elle a achetée avec Claude il y a vingt ans et dans laquelle il n'a jamais vécu. Elle avait emménagé dans cette maison seule avec leur fils. Avec Claude, ils avaient rêvé d'y poser leurs valises, ils avaient des projets plein la tête. Tout se précipite, signature de l'acte de vente, accident, obsèques, déménagement. Cette maison devient le témoin de sa vie sans Claude, apprendre à dire « je » au lieu de « nous ». Vivre une solitude qu'elle n'a pas voulue. Une éclipse de sa vie. Elle va s'entêter à comprendre comment est arrivé cet accident et revenir sur les enchaînements, ces petits riens qui ont conduit à ce drame.
Il en est du prix Goncourt comme des vendanges, certaines années le raisin donne un bon cru, d'autres fois le vin est de qualité moyenne. le roman de Brigitte Giraud est un excellent cru qui me réconcilie avec le prix Goncourt après deux lauréats dont les livres ne m'avaient pas passionné.
J'ai particulièrement aimé la construction du récit, une bouleversante déclaration d'amour, un roman intime avec en toile de fond la musique et la belle ville de Lyon. Une époque presque insouciante, un peu bohème d'avant la révolution du numérique. Si certains passages paraissent un peu longs pour ceux qui n'aiment pas particulièrement la moto, c'est un livre sur les passions qui rendent la vie encore plus belle. Brigitte Giraud évoque avec beaucoup de pudeur l'absence, la culpabilité, la reconstruction, l'écriture est limpide et lumineuse.
Plus qu'une déclaration d'amour ce roman est un hymne à la vie. Un roman qui m'a littéralement happé, dans lequel je me suis tout de suite senti bien. Un récit court qui prouve qu'il n'est pas nécessaire de remplir des pages pour émouvoir le lecteur.