Vivre vite est un livre trompeur. Le titre d'abord : certes, le héros absent de ce roman, la figure fantomatique et omniprésente est celle de Claude, le mari de l'auteure qui se tue dans un accident de moto trop rapide, que beaucoup de "SI" auraient pu rendre évitable. Mais la vitesse et la frénésie de vivre ne sont pas au cœur du récit,sauf dans une citation de Lou Reed... c'est même tout le contraire:
On assiste à un ralenti permanent, un éternel flash-back, des retours hypothétiques sur des évènements, des choix, qui auraient pu être autres...La forme en devient originale, même si elle est un peu enfantine: chaque chapitre commençant par un ET SI....
Cette obstination de l'auteure à revivre autrement le dernier jour de son compagnon agace un peu au début, puis finit par toucher, tant elle est l'expression d'une douleur ineffable, tant elle ressemble à ce parcours obsessionnel et vain auquel chacun de nous se livre devant un évènement qui aurait pu ne pas advenir...Et si...
Agréablement écrit mais sans génie particulier, cette "chronique d'une mort non -annoncée "et de la cassure brutale d'une vie, d'un projet à deux, trois, d'une culpabilité pathologique nous renvoie à chacune de nos vies planifiées, à nos projets, nos ambitions qui peuvent voler en éclats à chaque instant. A ce titre, c'est une histoire banale et universelle. De là à lui attribuer le PRIX GONCOURT, il y a un doute. C'est un bon livre, mais qui ne devait pas faire date.