Meurtre fumant

Le roman jeunesse, ou YA (pour « young adult » en anglais) est un roman dont le lecteur cible est jeune. Je dois avoir un petit côté de ma personnalité qui a été foudroyé par le syndrome de Peter Pan, car j’ai une vraie affinité pour ce type de littérature. Le roman jeunesse est lisible évidemment par tous et regorge parfois de bonnes idées que l’on aurait aimé voir dans un roman adulte. Citons quelques séries jeunesse qui ont évidemment fait vendre pour mesurer l’ampleur du carton : Harry Potter, Percy Jackson, Hunger Games, Divergente, etc… Le jour où je verrai mes sagas fantasy préférées du moment sur grand écran n’est pas encore arrivé ! Loin de ces grandes maelström marketing, c’est « La saga des Wildenstern » de Oisìn McGann (un irlandais) qui nous intéresse aujourd’hui dont Voraces est le premier tome paru en France aux éditions Mango.

Il est nécessaire de démarrer cette chronique par un petit point éditeur rapide qui a son importance pour Voraces et sa suite. Vous trouverez le deuxième tome Féroces toujours chez Mango, en revanche pour le troisième tome il faudra vous rabattre sur la version anglaise pour les plus à l’aise d’entre vous avec la langue des rosbeaf, car malheureusement Mango ne publiera jamais le dernier tome en français. Après avoir contacté pour en connaître les raisons l’éditeur voici ce qui m’a été répondu :

« Bonjour,

Je vous remercie de votre intérêt pour la saga des Wildenstern. Malgré la très grande qualité de cette série et l’attachement de toute l’équipe éditoriale à ces romans, Voraces et Féroces n’ont pas rencontré le succès escompté en France, et nous ne pouvons donc malheureusement pas nous permettre de publier la traduction française du 3e tome. Nous espérons qu’un de nos confrères choisira de rééditer un jour l’ensemble de cette superbe série en français.

Cordialement, »

C’est bien sûr compréhensible, mais vraiment dommage.

Oui, vraiment dommage, parce que ce Voraces de Oisìn McGann est le début de ce qui laisse présager d’une très bonne trilogie. L’intrigue en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard mais c’est ce qu’en fait l’auteur qui relève du petit chef d’oeuvre. Ce qui rend l’histoire intéressante ce sont les quelques retournements de situation que je ne vais évidemment pas dévoiler ici qui à deux reprises (car j’ai relu ce premier tome récemment) m’ont gentiment laissée sur l’arrière train. Autre ingrédient intéressant de ce roman : les mécanimaux, un croisement ingénieux d’animaux vivants faits de chaire, de sang et de mécanique. Ce qui donne à une moto, des allures d’étalon féroce fumant. Enfin, dernier ingrédient passionnant : une histoire de revenants vient relever la recette déjà efficace de ce roman. C’est ainsi que McGann mélange le fantastique, le steampunk et le gothique en servant une intrigue palpitante de ligne en ligne. Baignant dans cette ambiance charmante du 19è siècle et donnant la part belle à quelques personnages qui ne sont pas issus de la « high society » (notamment Francis) on se croirait parfois dans les couloirs charmants de Downton Abbey (série anglaise passionnante que j’inonde de coeur avec les mains).

La surprise réside dans le ton et le rythme choisis par l’auteur. Bien sûr la mort de Marcus donne le pas, mais les faces cachées de nombreux personnages sont également révélées ce qui apporte des intrigues annexes qui passionnent tout autant que le fil rouge du livre. La lecture de Voraces est aisée mais le champs lexical et la violence de certaines scènes étonne pour son étiquette YA. J’espère arriver à suivre la version anglaise pour le troisième tome mais en attendant je dois me jeter sur le deuxième tome Féroces et vous livrer mes impressions ici. Cet énorme coup de coeur mérite amplement le détour et l’attention de tous les lecteurs, jeunes ou non.