Ce court roman / fable commence en se mettant sous l'étoile du chef d'œuvre de Romain Gary, La vie devant soi, via une courte citation en épigraphe
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Ici, point de Momo, on va suivre Fabien, devenu Farid. Un jeune enfant qui va nous offrir son regard sur un peu moins de 100 pages pour retranscrire l'horreur de la descente dans l'enfer islamiste de Daesh d'une famille française qui a suivi les sirènes de l'appel en Syrie. Fabien va nous raconter cet aller simple pour l'enfer du haut de ses 10 ans, coincé entre sa nostalgie de Sarcelles, de la poésie qu'il aime tant, de son professeur ; et de l'autre côté la noirceur et l'horreur absolu de Daesh d'abord, puis des camps de prisonnier ensuite.
Tout comme dans le roman de Gary, la naïveté de l'enfant permet de nous faire passer un message fort et de nous délivrer avec un naturel douloureux l'horreur du quotidien. Mais ici, c'est presque "trop facile". Le roman "La vie devant soi" jouait sur un équilibre fragile où l'horreur de la prostitution et de la misère quotidienne se devinait à peine entre les lignes. Ici, c'est presque illogique que Fabien parvienne à rester si candide face à l'horreur. Les moments les plus fort son d'ailleurs quand l'enfance se fendille, quand il arrive au bout de ce voyage au bout de l'enfance.
J'ai également été un peu sorti du roman sur la répétition de l'amour pour la poésie de Fabien, sa capacité à citer Prévert de mémoire, de le tordre même pour le réinterpréter à sa sauce. Cela dénote franchement avec le personnage de 10 ans et sa maladresse d'enfant qui est touchante par ailleurs.
On voit un peu venir les rebondissements longtemps à l'avance aussi, dénotant encore une fois une certaine facilité, l'absence de prise de risque.
En même temps, c'est ce qu'on attend d'une fable. On peut s'y plonger si on veut approcher l'horreur de ce moment de notre histoire, via ce fil narratif qui tiens sa ligne jusqu'au bout, de style solide, quitte à se révéler d'une triste et dramatique facilité scénaristique.