Le titre d'un livre est toujours plein de promesses. Avec Voyage aux pays du coton, je m'attendais à de l'évasion, d'aller à la découverte des pays où l'on cultive cette plante, où on la tisse, de remonter le fil de l'histoire du coton. Pour cela la promesse est assez bien tenue : la plume fleurie et facile d'Erik Orsenna nous emmène dans son voyage.
Par contre, l'ouvrage n'a rien d'un "précis de mondialisation", pour reprendre son sous-titre. Pas de description des échanges, des flux, des impacts. On aurait pu s'attendre à une étude qui remonte la filière, et se serve du coton comme cas exemple de la mondialisation, voire en fasse la critique positive et négative des mécanismes, pour éclairer notre lanterne sur ce sujet (où les jeux d'acteurs sont complexes, voire opaques). Là on apprend beaucoup, mais on n'est pas tellement plus éclairé. On suit simplement le parcours d'un érudit, qui décrit de manière détachée ce à quoi il assiste. Jamais il ne se positionne dans un sens ou dans l'autre. Il pose un regard contemplatif non dénué d'un subtil cynisme. Cette position ambiguë m'a un peu laissée sur ma faim…