Le coton, cette autre guerre
Mondialisation, flexibilisation, déréglementation, libéralisation, désétatisation … thèse, antithèse, foutaises ! Erik Orsenna balance un sac à dos sur ses épaules, quitte les ors du Conseil d’Etat, et part enquêter sur la mondialisation en braquant sa loupe sur une fibre : le coton. Il habille une bonne partie de la planète aujourd’hui, il fait vivre plusieurs millions d’hommes et de femmes à travers des dizaines de pays – et il est donc au centre d’un commerce féroce.
Traditions écrasées en Afrique, subventions à gogo chez l’Oncle Sam, coton à l’ADN tripatouillé au Brésil, ou empire de la chaussette sur les rivages de la Chine : c’est un voyage où chaque lecteur trouvera son pays favori, passera plus vite sur celui-ci, relira attentivement celui-là.
Erik Orsenna, avec un bagage intellectuel et kilométrique très impressionnant, décrit tout cela avec une plume douce-amère. Depuis l’Amazonie déboisée jusqu’à la Mer d’Aral asséchée, en passant par les lobbies au Congrès américain et le torpillage des États africains par l’OMC, on repose le livre avec un goût acide en bouche : une mondialisation aussi chaotique, ce n’est pas très sérieux.
On retient surtout tous ces visages, croisés à un bout ou l’autre du monde.