Un récit qui vaut d'abord pour la prouesse qu'a réalisée son auteure: être la première femme occidentale à pénétrer à Lhassa, dans un périple de huit mois en clandestinité dans lequel l'accompagne son fils adoptif, le lama Yongden.
L'audace de l'aventure, les privations subies et les dangers rencontrés forcent l'admiration. Voyageant surtout de nuit, déguisés en pauvres gens, craignant à chaque instant d'être démasqués et donc éconduits, se nourrissant aux meilleurs jours de farine, de thé et de beurre, alternant des traversées furtives de villages et des nuits sans abri sous des tempêtes de neige, ce duo improbable franchit un à un tous les obstacles.
J'ai trouvé que les moments les plus intéressants étaient ceux où David-Néel donnait à voir la vie des petites gens, que leur déguisement leur permettait de côtoyer; j'ai été plus déçu, en revanche, par le fait qu'elle renvoie assez souvent à d'autres écrits quand des questions religieuses étaient évoquées: seule une maigre proportion du livre traite du contenu de ses conversations avec ceux qu'elle a rencontrés. Cela n'enlève rien au caractère exceptionnel de cette aventure.