"En 1892, Charles Vapereau obtint l'autorisation de traverser l'Extrême-Orient russe. Il part de Pékin avec sa femme Marie et avec Hane, son serviteur chinois."
Avec ce livre-témoignage illustré de photos noir et blanc à l'exotisme émouvant, Patricia Chichmanova nous offre un voyage extraordinaire dans une région peu visitée, à une époque où les voyages d'exploration de terres inconnues étaient encore rares.
Charles Vapereau est peu connu, me semble-t-il ; il fut l'un de ces curieux érudits dont la fibre aventureuse a vibré au point de leur faire quitter le confort de leur intérieur bourgeois pour les jeter sur les routes à la découverte de peuples et de traditions témoins d'une autre civilisation que la leur.
La fascination pour l'Orient de cet homme dont la vie fut une série d'aventures mais dont il ne nous reste aujourd'hui que ce seul récit de voyage en Sibérie est très communicative pour qui s'intéresse un peu à l'immense pays aux mille visages qu'est la Russie. Comme c'est mon cas, j'ai eu grand plaisir à voyager par voie d'eau, voie ferrée et voie terrestre avec Charles et Marie Vapereau.
A travers les commentaires sur les us et coutumes russes de Charles, chef d'expédition, j'ai retrouvé certains repères acquis sur place qui m'ont souvent fait sourire, à l'instar de celui-ci relatif à la nourriture : "Comme quantité, c'est suffisant. Comme qualité, ce serait passable si notre gargotier n'avait la manie de mettre dans toutes les sauces de la crème, dont les Russes raffolent. Moi qui ne puis souffrir le lait, je suis souvent obligé de manger mon pain sec. Crème dans la soupe, crème sur le poisson, crème sur les rôtis. Trop de crème !" Je confirme que c'est toujours ainsi aujourd'hui, qu'on soit à Moscou, Novgorod, Petersbourg ou Irkoutsk.
Mais au-delà de cet exemple peut-être pas tout à fait représentatif, c'est un témoignage historique précieux qui nous est livré avec ce beau livre au format atypique ; un livre-album à parcourir et à savourer comme une initiation au voyage.