Si comme moi vous ne le saviez pas, mais si vous le saviez arrêtez de vous la péter, apprenez que Stéphane De Groodt, humoriste belge déjanté, distille ses textes tordus dans "le supplément" dans la chronique "retour vers le futur", tous les dimanches midi sur canal+. Enchainant les jeux de mots à une vitesse impressionnante, frisant l'absurde sans jamais atteindre le ridicule, cet inventeur d'un nouveau sport bruxellois enchante l'oreille de l'auditeur (très) attentif et (un minimum) cultivé. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, comme le démontre ce désopilant épisode en présence de Nabilla :
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/nabilla-ne-comprend-rien-a-lhumour-du-supplement-sur-canal/
Trève de rigolade (mais c'était bon !), "Voyage en Absurdie" est tout simplement la version papier de certaines des chroniques filmées au cours de la saison dernière. Ce qui se révèle être à la fois avantageux et réducteur ; pour qui veut savourer le texte, prendre le temps de découvrir toutes les fourberies du belge (il y en a pratiquement dans toutes les phrases), le livre est le bienvenu. Une lecture a voix haute est par contre recommandée pour qu'ils apparaissent plus facilement. Pour qui, par contre, aime les jeux de scène du chroniqueur, il manque forcément quelque chose dans cet ouvrage. La lecture enchainée des sketchs s'avèrent également répétitive, et gâche un peu le plaisir... L'idéal est peut-être de se familiariser avec un texte, avant de le savourer dans sa version filmée.
Une lecture qui fait donc rire et sourire, quitte à passer pour un original dans un RER rempli de visages tout gris un matin tout gris. Tant pis, ça fait du bien !
Extraits (Hu Jintao) :
"J'embarquais à bord de ChinaTwain, un avion de chasse, afin de rencontrer le futur ex-président Hu Jintao. Le François Hollande chinois, qui lui aussi avait fait de la présidence normale, ou "présidence nor-mao", comme on dit en sino-portugais, son cheval de Fontaine... l'alter ego du cheval de bataille. (...)
Pendant qu'on m'offre quelques Nem&M's en guise de dessert, il me propose de faire Chine-Chine avec leur boisson traditionnelle. Je lui explique que j'encaisse très mal l'alcool, et que donc je ne peux pas, le saké... Mais l'interprète, pas prête du tout, en fit une traduction qui prêta à Confucius. Un ange passa. Afin de dissiper ce malaise, Hu me proposa plutôt un verre de vin et demanda à un de ses lieutenants de s'armer d'rouge pour me satisfaire."