Watt
7.7
Watt

livre de Samuel Beckett (2007)

« Sans courage pour prendre sur lui le poids d’une décision, dit Monsieur Hackett, il s’en remet à la froide machinerie d’une relation temps-espace.
Très ingénieux, dit Monsieur Nixon. » p.22

« Car ce qui préoccupait Watt, pour le moment, ce n’était pas tant la Toméité de Tom, la Dickéité de Dick, la Harryiété de Harry (remarquables certes en elles-mêmes) que leur Toméité, leur Dickéité, leur Harryéité à l’époque, leur chronotoméité, chronodickiété, chronoharryéiété ; non pas tant la détermination d’un être à venir par un être passé, d’être passé par un être à venir (étude certes fascinante en elle-même), comme dans une composition musicale de la mesure cent mettons par la mesure dix et de la mesure mettons dix par la mesure cent mettons, que l’intervalle entre les deux, les quatre-vingt-dix mesures, le temps mis par le vrai à avoir été, le temps mis par le vrai à s’avérer vrai, comprenne qui pourra. Ou bien sûr faux, comprenne qui voudra. » p.141

« Penser, quand on n’est plus jeune, quand on n’est pas encore vieux, qu’on n’est plus jeune, qu’on n’est pas encore vieux, ce n’est peut-être pas rien. Faire une pause, vers la fin de sa journée de trois heures, et considérer : l’aise toujours plus sombre, la peine toujours plus claire ; le plaisir là encore parce qu’il fut, la douleur là déjà parce qu’elle sera ; l’acte joyeux devenu volontaire, en attendant de se faire acharné ; le halètement, le tremblement, vers l’être révolu, devant l’être à venir ; et le vrai qui ne l’est plus, et le faux qui ne l’est pas encore. Et décider de ne pas sourire après tout, assis à l’ombre à écouter les cigales, à réclamer la nuit, à réclamer le matin, à écouter le murmure, Non, ce n’est pas le cœur, non, ce n’est pas le foie, non, ce n’est pas la prostate, c’est musculaire, c’est nerveux. Puis la rage s’achève, ou elle continue, et l’on est au fond du trou, au-delà du désir du désir, de l’horreur de l’horreur, au fin fond du trou, au pied de toutes les pentes enfin, des chemins qui montent, des chemins qui descendent, et libre, enfin libre, pour un instant libre enfin, rien enfin. » p. 209
Sisyphe
8
Écrit par

Créée

le 12 avr. 2013

Critique lue 422 fois

4 j'aime

Sisyphe

Écrit par

Critique lue 422 fois

4

D'autres avis sur Watt

Watt
Abistrot
8

Wattever

"Oui, Watt ne pouvait accepter, comme sans doute Erskine ne pouvait accepter, comme sans doute Arsene et Walter et Vincent et les autres n'avaient pu accepter, qu'il se fût passé rien avec toute...

le 11 mars 2017

2 j'aime

Du même critique

Le Loup des steppes
Sisyphe
10

Critique de Le Loup des steppes par Sisyphe

« Car le mot d’ordre du bourgeoisisme est le principe inverti des forts – celui qui n’est pas contre moi est pour moi. Si c’est à ce point de vue-là que nous envisageons l’âme du Loup des steppes,...

le 29 janv. 2014

9 j'aime

Le Mahabharata
Sisyphe
10

Critique de Le Mahabharata par Sisyphe

« Deux morceaux de bois qui flottent se rencontrent sur l’océan et l’instant d’après se séparent. De même ta mère et toi, ton frère et toi, ta femme et toi, ton fils et toi. Tu l’appelles ta femme,...

le 9 juin 2013

6 j'aime

Le Diable
Sisyphe
6

Critique de Le Diable par Sisyphe

« C'est chez les jeunes que conservatisme est le plus répandu. Les jeunes, qui veulent vivre mais ne réfléchissent pas et n'ont pas le temps de réfléchir à comment il faut vivre, et prennent pour...

le 21 janv. 2016

4 j'aime

1