Anne Percin, c'est que du bonheur !
Après sa géniale trilogie (Comment (bien) rater ses vacances, Comment (bien) gérer sa love story, Comment devenir une rock star (ou pas), article ici), qui racontait les aventures tragi-comiques d'un adolescent au cynisme redoutable et à la vie sociale assez spéciale, Anne Percin est de retour, pour notre plus grand plaisir !
Surfant sur le genre qui a fait le succès de la précédente trilogie, elle invente néanmoins un personnage complètement différent, mais tout aussi barré. Élise Bonnel, rousse, seize ans, originaire de Merdrignac (ouais...) en Bretagne, folle de cheval et de musique country qui nous raconte son histoire sous forme de journal de bord.
Son aventure à elle, c'est trois semaines d'équitation dans le Dakota du Sud. Trois semaines de rêve. Trois semaines d'appaloosa (les chevaux du ranch des Cooper où a lieu le stage), de rodéo, de pancakes, de visites, de paysages désertiques et époustouflants, de chemises à carreaux et de bottes à franges. Son american dream.
Sauf que la demoiselle n'est pas seule à faire le voyage. C'est une douzaine d'ado qui sont de la partie. Tout une tripotée de petits bourges parisiens et de belles garces. Élise, elle, vient d'un milieu très modeste (son stage a été payé avec les indemnités de licenciement de sa mère), n'a pas de cheval à elle, n'a jamais pris l'avion. En plus elle est rousse et joue la carte cow-boy au maximum avec son attirail de chemises à carreaux. Autant dire qu'au milieu de cette bande de péteux, elle fait plutôt tâche. Elle dispose même de la panoplie complète pour être la risée de cette bande de petits richous.
Si, en plus, un garçon au nom joliment ridicule (Louis Beauregard) est convoité par deux deux filles, dont une qui ne se l'avoue pas et une véritable peste qui a bien l'intention de faire passer la première pour une pestiférée, il y a de quoi s'amuser !
Comme dans Comment (bien) rater ses vacances et ses deux suites, les situations (pêle-mêle) cocasses, désespérées, tendres, catastrophiques, hilarantes, s'enchaînent à vitesse Grand V.
Anne Percin a le chic pour tenir ses lecteurs avec des histoires qu'on ne peut, ni ne veut, lâcher une fois commencée. Véritable magicienne de la littérature jeunesse, elle m'a ravi une fois de plus, avec les aventures extraordinaires d' Élise, sorte de Calamity Jane qui peine, qui doute, mais qui n'a pas peur de chercher la bagarre pour sauver son honneur et qui n'a jamais dit son dernier mot !
Et si vous n'êtes pas fan de cheval, ne vous inquiétez pas : je suis du genre à m'en foutre complètement et même à en manger (non, je n'achète pas de lasagnes surgelées!), et pourtant j'ai aimé jusqu'aux scènes d'équitation et même de nettoyage de cheval. Et rien que pour la beauté des paysages que l'on parcourt avec elle, ça vaut le coup de se farcir les chevaux !
« Quand je pense à ce que j'avais cru avant de partir... Comme une idiote, je m'étais imaginé que des cavaliers western comprendraient ma passion, et je poussais le ridicule jusqu'à croire qu'ils la partageraient ! C'est pour ça que, sans hésiter, j'ai tout déballé à Georgia. Mes cours de danse country, les vendredis soirs après le lycée. Les posters dans ma chambre : Johnny Cash et Ricky Nelson, le Grand Canyon, le Colorado dans tous ses états. Comment je soûle mes parents depuis des années pour manger au Buffalo Grill à la moindre occasion, pour avoir le bonheur de m'asseoir sur des sièges que je m'imaginais être ceux d'une diligence... Tous mes Playmobil, quand j'étais gamine, c'était des cow-boys. Et mes poupées, même les Barbie, je les déguisais en country girls, le jean, les bottes à franges, le chapeau, les nattes et la chemise à carreaux ! J'ai grandi avec Pocahontaset Spirit, La petite maison dans la prairie, Blueberry etLucky Luck, les westerns anciens et modernes, de Sergio Leone aux frères Coen. Oui, tout ça, je l'ai raconté à Georgia. Quelle imbécile ! » pages 69-70
Voilà donc un nouveau roman, dans le genre qui va si bien à Anne Percin, mais qui n'utilise pas les mêmes ficelles, ni les mêmes gags. Pour les jalouses qui n'avaient pas voulu lire les aventures de Maxime Mainard, et pour ceux qui avaient déjà adoré : délectez-vous de celles d'une héroïne haute en couleurs, qui n'a pas sa langue dans sa poche, qui vous fera pleurer de rire et de rage tellement on se se met dans sa peau (même pour un garçon!).
Malgré un final un peu bateau, mais néanmoins très satisfaisant, Western Girl est à la hauteur des attentes, à la hauteur de Comment (bien) rater ses vacances, à la hauteur d'Anne Percin !