Willard ? « Un oiseau en papier mâché d’environ un mètre de haut, avec de longues pattes noires et un corps en partie noir lui aussi, et recouvert d’un étrange motif bleu, blanc et rouge, comme on n’en avait jamais vu encore, le tout surmonté d’un bec aussi exotique que celui d’une cigogne ». Et les trophées de bowling ? Ceux gagnés par les Logan Brothers, trois frères beaux, intelligents, athlétiques, adorés par leur mère, bref, américains. De trois strates, Richard Brautigan arrive à produire un court roman intense.


Première state : Bob et Constance s’ennuient dans leur vie sexuelle depuis que Madame a refilé à Monsieur une MST. Pour pimenter leur relation, ils s’adonnent à des pratiques masochistes, sans grande joie et sans grand entrain, sentant par-là que c’est leur couple qui se délite. Deuxième focus : l’appartement du dessous, où se trouve Willard qui veille sur les trophées de bowling. John et Patricia, pour qui tout va bien sexuellement, adorent Greta Garbo mais n’ont aucune idée de la façon dont sont arrivés ces trophées de bowling dans leur appartement. Troisième histoire : les Logan Brothers, dont la vie tournait autour du bowling, parcourent l’Amérique pour retrouver leurs trophées gagnés à la sueur de leurs fronts. Attendant un coup de fil qui leur révélera l’emplacement des objets volés, la tension entre les frères ne cesse de croitre.


Moins prenant qu’Un privé à Babylone qui parodiait le roman policier, Willard et ses trophées de bowling est un pastiche de thriller et de roman érotique, se révélant surtout étrange par la façon dont il se focalise sur des points de détail (description des repas, discussions inconsistantes entre les personnages…). Les phrases courtes et purement factuelles produisent à la fois exaspération et rires.


« Avant que les papillomes verruqueux n’envahissent leurs deux existences, faire l’amour avait beaucoup ressemblé à de tendres déjeuners sur l’herbe des comètes. Alors que maintenant il fallait qu’il l’attache, bras et jambes écartés, qu’il la lie aux quatre pieds du lit ou qu’il lui ficelle les mains derrière le dos. Et elle n’aimait pas avoir les mains ficelées de la sorte : elle trouvait ça très inconfortable. »

JulienCoquet
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le 16 juin 2021

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Julien Coquet

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